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Full text of "Monographie de Notre-Dame de Paris, et de la nouvelle sacristie de MM. Lassus et Viollet-Le-Duc : contenant 63 planches, gravées par MM. Hibon, Ribault, Normand, etc., 12 planches photographiques, de MM. Bisson frères, 5 planches chromolithographiques, de M. Lemercier"

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NOTRE-DAME  DE  PARIS. 


NOTRE-DAME  DE  PARES 


ET  DE. 


MM.  LASSÜS  ET  VIOLEET-LE-DUC 


63  Planches,  gravées  par  MM.  Hibon,  Ribault,  IVormand,  etc,, 


t2  PLANCHES  PIIOTOGItAPIIIOCES.  DE  HIH.  BISSON  FBËBES. 

5 Planches  cliroinolithograpliiques,  de  M.  LEMEUCIER, 


l’HKCÉÜKE 


D'IINE  NOTICE  HISTORIQUE  ET  ARCHÉOLOGIQUE 


Phi-  U.  C'I'll.Tinfint:,  .trcbituclc-.4rclléologltC. 


PARIS 

A.  MOREL,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 


m'smmê  ®s§ 


|-  Ék^Tiition  dû  la  Façade  principale  (élat  acluet).  — Pholografhie. 

S'  ÏOIcTntion  de  la  Façade  principale  (realauralion). 
i-  Drtalls  de  la  Façade  principale. 

4-  Details  delà  Galerie  des  Bois  el  de  celle  de  ia  Vierge. 

S'  Drlnlls  do  la  Galerie  des  Colonnes. 

G'  Dfinll  d’nne  Ogive  dite  les  Élus.  — rhotograpkie. 

T Details  dos  Galeries  des  Rnis,  de  la  Vierge  et  des  Colonnes. 

3'  Détails  d'une  des  Tours. 

9'  Intérlenr  de  la  Tour  du  Sud. 
lU'  Vniilnll  de  la  Porte  de  la  Vierge.  — Photographie. 

1 1"  Dctnll  de  la  Porte  côld  Nord.  — Photographie. 

U'  l'tn^ciiililc  du  Tympan  de  la  Porte  delà  Vierge.  — Piio/oyrapfcis. 
13'  iMItiAtrc»  et  Orncmciilv  de  l’ogive  du  Portail  de  la  Vierge. 
14'  IMInsIrefi  et  Ornemeuts  de  la  Porte  de  la  Vierge. 

15'  Dctnll  dTme  Porte  Transscpl  Méridional.  — Phologr.’phie. 

16'  l'rngmciit  du  Porliiil  Méridional. — Photographie. 
l*“  Vanlnil  de  la  Porte  Sainle-Anne.  — Photographie. 

18'  Ensemble  du  Tympan  de  la  Porte  Sakitc-Anne.  — Photographie. 
19*  cl  30'  Élévation  latérale  du  Nord, 
ïf  i'ortc  Rouge.  — Pftoloyropftie. 

33'  Élévation  el  Coupe  du  Porlail  Nord. 

33'  flôté  cl  Détails  du  Porlail  Nord. 

34‘  Détails  du  Porlail  Nord. 

33'  iMgnoii  du  Portail  Nord. 

36'  Élévation  iniérioliro  du  Porlail  Nord. 

37‘  Rosncc  du  Porlail  Nord. 

33'  et  39°  Détails  de  la  Rosace. 

30°  Détails  de  1a  Rosace. 

31°  Détails  de  la  Rosace. 

32'  Détails  de  la  Rosace. 

33°  iciévntiou  et  Coupe  du  Porlail  Sud. 

:U°  Détails  du  Porlail  Sud. 

;t!P  Détikils  et  Pignon  du  Portail  Sud. 

36'  Élcvatiun  du  Porlail  Sud. 

37°  el  .38°  Abside. 

39'  Grand  Contrefort. 


40°  Petits  Contreforts  et  Petits  Arcs-boutants. 

41'  Corniches  et  Balnstradcs  des  Terrasses. 

43°  Détails  des  Croisées. 

43‘  Intérieur  et  exicricar  de  l'Abside. 

44°  Coupe  de  l'Abside. 

45'  Plan  et  Conpc  d'une  dos  Chapelles  de  l'Abside. 

46*  el  47'  Détails  d'une  Croisée. 

>8'  el  49°  Plan  général. 

.50°  et  51°  Plan  général  prisa  la  première  galerie. 

5î°  el  53'  Plan  général  pris  aux  Combles. 

54°  Coupe  sur  la  Tobr  du  Son  el  sur  ia  Nef. 

56°  Tour  du  Snd.  Escalier  et  détail  de  la  Chapelle. 

56'  et  57°  Coupe  générale  sur  la  longueur. 

58'  Dnscs,  Plans  et  Chapiieaux  de  la  Nef. 

59°  Pilastres  et  Chapiteaux  de  la  première  Galerie. 

60’  Coupe  sur  la  Croisée  (ou  Transepts). 

61'  Vitraux  des  Chapelles  (côté  Nord). 

63’  Charpente. 

63°  et  61°  Das-Rclicfs  dn  Déamliiilatolrc  (Cèle  Noid). 
65°  et  66*  Ras-Reliefs  dn  Déambulatoire  (cClé  Nord). 
67°  Bas-Reliefs  dn  Déambulatoire. 

68'  et  69°  Ras-Reliefs  dn  Déamlinlatoire  (c6tè  Sud) . 

70'  Chapiteaux  et  Bases  dn  Déambnlatolre. 

71'  Fenêtres  latérales  des  bas-cOtés.  — Photographie. 

73'  Détail  d'un  Soubassemenl.  — Photographie. 

SACBISTIE  MODEBNE. 

73'  Façade  méridionale. 

74*  Façade  occidenlale. 

75°  Baie  de  la  Chapelle  épiscopale. 

76'  BhIcs  orientaiesi. 

77'  Façade  de  la  Cour. 

78*  Façade  orientale. 

79*  Salle  et  Galerie. 

60'  Plan. 


Chromolithographies. 


Monluiarlre,  — Imprimerie  PILLÜY 


NOTRE-DAME  DE  PARIS 


NOTICE  MCHfOtOCKjlIB. 


ARGUMENT. 


Quaod  aujourd’hui  (out  le  monde,  en  général,  semble  s'intéresser  à l'archéologie  ; 
et  quand  les  architectes  sont  appelés  chaque  jour,  non-seulement  à restaurer  nos 
anciennes  cathédrales,  mais  encore  à construire  de  nouvelles  églises  dans  le  style  de 
ces  admirables  monuments  ; écrire  une  notice  sur  Notre-Dame  de  Paris,  nous  a paru 
one  heureuse  occasion  d'être  utile  à ccus  qui  désirent  s'initier  aux  connaissances 
archéologiques. 

Aussi,  loin  de  rechercher,  comme  on  l’a  fait  uniquement  jnsqn'ici,  combien  celte 
célèbre  basilique  compte  de  croisées,  de  pavés,  de  tableaux,  de  colonnes  grosses  et 
petites  ; combien  scs  tours  comptent  de  degrés,  ses  cloches  du  cent  kilos  en  poids,  et 
ses  orgues  de  tuyaux;  quelles  sont  les  cérémonies  royales  on  autres  qui  s’y  sont 
célébrées,  ce  que  nous  aurions  pu  trouver  comme  Saint-Victor,  Laborde,  Chapüy 
et  Gilbert  dans  le  livre  qu’un  ancien  cbanoiuc  publia  avant  89  sous  le  nom  de 
l’éditeur  Gueffier  et  auquel  nous  renvoyons;  nous  avons  préféré,  vu  le  peu  d’espace 
qu'on  nous  accordait,  faire  une  histoire  archéologique  et  artistique  des  parties  qui 
composent  notre  métropole. 

Ce  sera,  si  on  le  veut,  une  nouveauté,  mais  du  moins  aussi  un  moyen  de  sortir  de 
l'aridité  des  programmes  ordinairement  suivis  par  tous  nos  descripteurs. 

CcpcndaDl  là  existait  aussi  un  écueil. 


HISTORIQUE  DE 


L'an  MILLE  s'ctaiit  écoulé;  lorsque  le  monde  chrétien  comprit  qu'il  n'avait  plus  à 
redouter  une  Un  aussi  prochaine,  les  actions  de  grâces  qu'il  crut  devoir  rendre  au 
ciel,  pour  celle  qu'il  lui  avait  faite,  de  conserver  toutes  choses,  excitèrent uu  tel  enthou- 
siasme, une  telle  dévotion,  que  la  terre,  dans  quelques  lieux,  comme  à Paris,  dans 


Car,  par  exemple,  si  d'un  côté  les  prétendus  classiques  condamnent,  sans  pitié, 
toute  architecture  qui  n’a  pas  ses  règles  dans  Vilruve;  d’un  autre  cûté,  quelques 
artistes  trop  modernes,  voués  au  culte  de  l’architecture  du  moyen-âge,  se  montrent 
tellement  fanatiques  de  ce  genre  de  monuments,  qu'ils  vont  à nier  toute  espèce  de 
filiation  entre  l’art  ogival  du  règne  de  Saint-Loüis  et  tout  ce  qui  a pu  le  précéder  en 
architecture;  comme  si  jamais  1 homme  avait  rien  pu  créer  dans  la  rigueur  du  mot,  et 
comme  si  toute  œuvre  n’avait  pas  scs  antécédents. 

Ji  s’agissait  donc,  entre  ces  deux  opinions  extrêmes  et  sans  blesser  nullement  ici 
les  uns  ni  les  autres,  de  les  conduire  à admettre  que,  depuis  les  temps  les  plus  reculés, 
les  productions  do  l'art  s'étant  continuellement  suivies,  comme  les  phénomènes  qui 
ont  présidé  à la  formation  et  au  perfcctiounemcnt  des  sociétés;  d’un  côté,  tout  se 
tient,  s'enchaîne,  et  s’identifie  ; de  l’autre,  tout  se  sépare,  sc  divise  et  se  diversifie. 

C’est-à-dire  que  font  concourt  à un  ensemble,  mais  un  ensemble  rempli  do  variétés 
comme  la  nature. 

C’est  ce  que  nous  allons  tâcher  de  prouver  dans  celle  notice,  toutefois  sans  né- 
gliger les  détails  et  les  renseignements  do  dates,  de  dimensions,  etc.,  qui  peuvent 
intéresser  noire  monument. 


L’ART  OGIVAL. 


la  cité,  manqua  au  besoin  que  l'on  éprouva  d'élever  des  édifices  propres  à adorer  Dieu 
el  à le  prier. 

Et  depuis  celte  époque,  le  nombre  des  temples  fut  tellement  considérable,  et 
l’ardeur  des  aiTisles  si  conforme  à la  pensée  dominante,  que  presqu’à  vue  d’œil , 


NOTRE-DAME  DE  PARIS. 


i'ail  religicus,  jusques-là  slJliunnairo  dans  sa  lourdeur,  marcha  à une  pcrfeclioa 
qui  alteignît  son  apogée  avant  deux  siècles  d'efforts. 

Les  ligures  dépouillèrcot  d'abord  leur  maigreur  barbare  ; 

Les  colonoes,  do  trapues  quelles  claicnl,  acquirent  des  formes  presque  antiques; 

Et  les  grandes  lignes  des  vaisseaux  gagnèrent  un  dévcloppcmonl  de  grandeur  et 
do  hauteur  qui,  vers  la  Qu  du  su®  siècle,  provoqua  une  modification  si  iinporlanlc 
dans  l'clcmcnl  traditionnel  et  caractéristique  du  style  roman,  qu'étonnés  de  la  diffé- 
rence des  résultats,  la  plupart  des  hommes  ont  méconnu  depuis  et  ont  nié  la  filiation 
(lu  priocipc  générateur  et  du  principe  qui  lui  succéda  ; 

Quoi  de  plus  naturel,  cependant? 

Les  voûtes  s'élevant  et  augmentant  la  charge  que  les  travées  inférieures  des 
temples  avaient  à soutenir,  les  architectes  comprirent  LienUH  que  le  picin-cinirc, 
soutien  des  constructions  horizontales  des  anciens,  quelle  que  fut  sa  force,  serait 
bienlût  insuffisant  h supporter  des  édifices  dont  les  tendances  verticales  se  dévehip- 
paicnl  avec  niic  pcrsiitancu  continue. 

Et  dès  lors,  soutenus  par  la  foi  dans  la  nouvelle  direction  qu'ils  voulaient  donner 
aux  muoumenU  religieux,  ils  essayèrent  d'abord  de  briser  limidcracnl  leur  cintre  à 
son  sommet,  cl  inscnsiblcracnl  prenant  plus  de  hardiesse,  ils  arrivèrent  enfin  à 
l'acuité  qui  mérita,  J celte  division  do  l'ancienne  courbe,  le  nom  d'o^ii’f,"  modifica- 
tion qui  fui  le  point  do  départ  d'une  érc  nouvelle  dans  l'art  chrclion  et  l'clémcnt 
de  coiislcuclioDS  qui,  dés  ce  moment,  devinrent  plus  que  jamais  conformes  aux  as- 
pirations de  l’àmc  comme  à ta  mystérieuse  majesté  du  Dieu  à qui  on  les  élevait  ; — 
en  même  temps  que  la  science  arcbitccloiiiqiic  avait  su  unir,  à une  solidité  b 
toute  épreuve,  une  audace  inconnue  jusqucs-lb. 

Rien  d'clonnant  non  plus  que  l'art  ogival  ait  atteint  dès  sa  jeunesse  toute  son  élé- 
vadon,  toute  sa  puissance,  toute  sa  sublimité  dans  un  siècle  uii  parurent  des  rnis 
tomme  Louis  IX  et  des  livres  comme  V/im//i(!On  de  J.  C. 


L'enthousiasme  religieux  Joint  à celui  qu'excitait  dans  Tûmc  des  archilcolcs  celte 
conquête,  fruit  de  leurs  travaux , duit  suffire  pour  en  donner  la  raison. 

Dès  le  xiii'  siècle,  l'art  ogival  ayant  atteint  toute  sa  hauteur  dans  le  siècle  qui  sui- 
vit, on  ne  s'occupa  qu’à  lui  donner  toute  la  richesse,  toute  l’clégancc  qu’il  paraissait 
suscppiiblc  de  recevoir. 

Mais  en  mullipliaut  les  ornements,  en  appelant  plus  de  jour  pour  rendre  ce  luxo 
plus  .ippnrcnt , on  fit  perdre  à l'intérieur  de  la  basilique,  ainsi  altéré , une  partie  dp 
sa  bardiossc  mystique  comme  de  sa  grandiose  simplicité. 

Une  fois  sa  sévérité  attaquée,  bientôt,  d'innovation  en  innovation,  de  caprice  en 
caprice,  sa  noblesse,  sa  vigueur,  son  élancement  primitifs  disparurent  pour  ne  faire 
place,  à la  fin  du  xv*  siècle,  qu’à  un  art  énervé  et  impuissant  qui,  à charge  à lui- 
méme,  sc  (raina  comme  il  put  jusqu'à  l’époque  appelée  Renaissance , où  ému  de  ia 
découverte  des  ouvrages  des  aueicus,  il  sc  réveilla  et  manifesta  sa  virtualité  par  l’é- 
rection de  quelques  monumcnls  d un  style  nouveau  où  l'on  découvre  réunis  avec  un 
bonheur  infini  le  luxe  d'ornementation  qu’il  avait  perdu,  la  hardiesse  du  type  qu'il 
a'  ait  depuis  longtemps  abandonnée  et  rélcmcnt  antique  qui  venait  do  le  séduire. 

C’est  à cette  période  de  l’art  que  sont  dus  comme  clicfs-d'œuvrcs  du  genre,  Notbe- 
1)ame-de-Beo«  et  S-UNT-EusTAcnK  de  Paris,  dans  sa  partie  saine. 

Dôs-iors,  jeté  par  la  réforme  et  la  découverte  de  l'iiuprimcrie  hors  des  préoccupa- 
tions d’un  salut  devenu  douteux,  l’esprit  humain,  charmé  des  ecuvres  de  l’antiquité,  sc 
développa  indépendant  de  la  religion  ; cl  tandis  que  la  piété  aux  abois,  fidèle  aux  an- 
ciennes traditions,  n'élevait  plus  que  quelques  églises  d’un  style  bâtard  et  honteux  ; 
Tart  au  service  des  grands  de  ce  monde,  des  princes  français  surtout,  étonnait  les 
yeux  par  ses  productions  et  embeliissait  notre  sol  de  ces  admirables  châteaux  du 
Gaiilon,  d'Ecouen,  du  Louvre,  de  Blois,  de  Chambord,  de  Clienonccaux,  d'Amboisc, 
d'Anct,  etc.,  où  l'art  ogival,  n'existant  d'abord  plus  qu'à  l'état  de  souvenir,  finit  par 
disparaître  tout  à fait  du  domaine  de  rarcbitcclurc. 


FAÇADE  OCCIDENTALE. 

COUP-D’OEIL  GÉNÉRAL 


Lorsque  l'oa  étudie  les  inomiments  religieux,  on  s’aperçoit  d’abord  que  chez  tous 
les  peuples  de  l’antiquité,  comme  chez  les  modernes,  les  arcLitoctes  qui  ont  été  ap- 
pelés à construire  un  temple  ont  eu  le  soin,  sauf  empêchements,  d'orienter  leur 
édifice  de  mauière  àce  que  le  peuple,  on  y entrant,  eût  on  face  de  lui  le  soleil  levant, 
et  assistât  dans  celte  position  à la  célébration  des  mystères  divins.  De  sorte  que, 
d'apres  cet  usage,  la  façade  occidentale  où  est  pratiquée  l’entrée  traditionnelle,  étant 
restée,  dans  les  temples  chrétiens,  la  façade  principale,  malgré  lo  besoin  d’autres 
ouvertures  pereées  auteur  de  l'édifiee  . les  artistes  se  sont  plu  à y développer  toutes 
les  richesses  de  leur  talent,  différant  en  cela  des  Grecs  qui,  dans  le  Parlhéiion,  par 
exemple,  ont  traité  avec  la  mémo  noblesse  les  façades  opposées  de  ce  monunienl  à 
jamais  célèbre. 

Mais,  comme  dès  la  première  période  romane,  le  V siècle,  l’cniploi  de  cloclics 
de  grande  dimension  avait  nécessité  rérecliun  de  (ours  assez  élevées  pour  que  le  son 
sc  répandit  au  loin  ; il  était  conséquent  qu'un  jour  ou  l'autre  on  joignit  ces  edi- 
Oces  proj'rlés  dans  les  airs  .à  ces  façades,  pour  en  funner  le  couronnement  cl  les  ren- 
dre plus  imposantes.  — Que  si  nous  voulons,  eu  outre , nous  rendre  compte  des 
autres  parties  décoratives  de  ces  façades . nous  verrons  qu’ elles  n'ont  pas  été  non 
plus  inspirées  par  un  vain  goût  d’orncmcnlaiion,  mais  afin  de  satisfaire  à des  be- 
soins réels  et  nécessaires  que  l’artiste  a dissimulés  avec  plus  ou  moins  do  génie, 
selon  qu'il  en  était  plus  ou  moins  doué  lui-inèmc. 

Ainsi  : les  ressauts  multipliés  des  chambranies  et  lo  trumeau  qui  en  sépare  l’éca]'- 
lement,  n ont  eu  d’autre  effet  que  do  fournir  de  plus  puissantes  bases  à l'arc  des 
portes. 

Le  nombre  dos  voussures  ; que  de  lui  prêter  plus  de  forces. 

Les  galeries  ménagées  à différentes  hauteurs;  que  de  faciliter  l’inspection  de 
1 édifice  et  les  réparations  inévitables  qui  pourraient  survenir  ; cl  si  elles  sont  percées 
à jour , afin  de  moins  charger  les  bases. 

Les  rosaces  ; que  pour  éclairer  la  nef. 

Enfin,  les  pignons  prismatiques  du  centre;  que  pour  revêtir,  sceller  cl  cacher  la 
maronncric  qui  supporte  les  voûtes  ; comme  chez  les  aueicus,  ou  employa  au  mémo 
usage  les  frontons  cl  les  alliquos.  Et  en  passant  nous  devons  dire  que  chez  rcs  der- 
niers comme  chez  nous,  la  nudité  de  certaines  parties  a amené  un  genre  d’ornements 
qui,  sans  être  nécessaire,  avait  pourlaiil  sa  raisoa  d'ôtre  dans  la  tradition  des  âges 
primitifs;  comme  les  arcatiircs,  les  triglyphes,  etc.,  que  nous  sommes  loin  do 
vouloir  blâmer;  car  qui  songerait  à critiquer l'arlisle  qui  trouve  dans  son  imagi- 


nation lo  moyen  de  décorer  son  Œuvre  et  de  plaire  aux  hommes  en  mêlant  l'agré- 
ment à rulililc. 

La  façade  occidentale  de  Notre-Dame,  élevée  de  20-î  pieds  au  dessus  du  sol, 
la  moitié  du  Munster  de  Strasbourg  , et  large  de  120  pieds,  est  composée, 
du  haut  en  bas,  de  cinq  parties  en  rclrailc  l’une  de  l'autre  ; (planche  7.)  économie 
qui  offre  plus  de  sûreté  à l'équilibre  et  plus  de  garanlic  à lalascdo  sustenta- 
tion. 

Ces  cinq  parties,  que  la  méthode  seule  nous  fait  proposer,  sont  : (voy.  pl.  1 cl  2. 

1°  Deux  (ours  carrées  de  ■10  pieds  sur  chaque  face  cl  séparées  par  un  intervalle 
égal  à leur  diamètre. 

2“  Une  galerie  à jour  avec  frise  et  corniches , connue  sous  le  nom  de  Clalerle 
<lC8  ColODUCS. 

3®  Un  espace  du  mur  de  façade  percé,  au  centre,  d'une  rosace  à rayons,  de  203 
pieds  do  circonférence  ; aux  deux  extrémités  de  deux  fenêtres  accouplées,  onca- 
dréos  dans  une  arcalure  en  saillie,  ayant  leur  intrados  surmonté  d'une  petite  rose 
oclusc;  les  unes  cl  les  autres  de  ces  ouvertures  flanquées  de  contreforts  à pignons» 
les  vides  supérieurs  occupés  par  des  trilobés. 

4°  Une  petite  galerie  trilobée  dite  ftalerle  de  la  VIei’ge.  (v.  p.  4.) 

6®  Une  galerie  de  mojoune  dimension,  dite  Galerie  des  Rois,  prcsenlanl 
comme  décoration,  sur  le  tailloir  de  scs  colonnes  de  petits  édifices  connus  sous  le 
nom  do  «lérusalem  céleste,  (v.  pl.  4 ) 

6®  Enfin,  un  rcz-dc-chausséc  percé  de  (rois  portails,  celui  du  centre  allciguani 
la  corniche  de  ccUc  partie  de  l’édifice,  et  celui  de  gauche,  le  moins  élevé  dos  trois, 
encadre  dans  une  arcaturc  triangulaire. 

Quelque  magnifique  du  resle  que  paraisse  cetlo  façade,  il  s'en  faut  de  beaucoup 
qu'elle  soit  aussi  imposanlc  ni  aussi  riche  quelle  a ôte  construite,  cl  telle  qu’ont 
pu  la  voir  nos  pères,  quand  elle  reposait  majestueusement  sur  treize  m.archcs  au- 
jourd’hui enfouies  sous  fc  sol;  quand  sa  première  galerie  était  h.ibilée  parles 
vingt-huit  rois  qui  s'étaient  succédés  depuis  Childeberl  jusqu’à  Philippe-Auguste; 
quand  la  galerie  de  la  Vierge  était  surmontée  d'une  figure  do  la  mère  de  Dieu  et 
de  deux  anges  ; enfin  quand  l'intervalle  des  tours  laissait  voir  la  tléehc  qui  s'élevait 
du  Iranscps  dans  les  airs.  (v.  pl.  2.) 

Mais  cependant,  en  attendant  une  rcslaiiralion  complète  de  celle  |>artic  du  monii- 
ment,  (elle  qn’clle  est  encore,  l’on  peut  dire  que  parmi  les  cathédrales  qui  s'élèvent 
dans  le  monde  chrétien,  s'il  en  est  qui  offrent  dans  leur  façade  plus  de  richesse,  plus 


NOTIUÎ-DAME  Dt;  PARIS. 


7 


d élégance,  plus  dclcvalbn;  aucune  ne  présente  autant  de  puissance  cl  de  majesic 
que  celle  de  notre  église  métropolitaine. 

PORTE  DE  LA  VIERGE. 

Le  portail  de  la  vierge,  ainsi  nomme  de  la  statue  qui  orne  sou  trumeau  (PI.  10), 
quoique  le  moindre  des  trois  en  dimension,  est  pourtant  celui  qui  offre  peut-être  le 
plus  d'intérêt,  tant  à cause  de  la  variété  de  ses  ornements  et  de  ses  bas-rdicG  qu’à 
cause  des  sujets  qu'ils représoatent. 

Les  figures,  dont  seulement  nous  voulons  nous  occuper,  sont  : 

Quatre  rangs  de  saints  et  d'auges  à mi-corps  occupant  les  voussures  comme  dans 
les  portes  de  celte  époque,  le  rang  qui  pose  sur  les  jambages  représenté  en  pieds. 

Sur  lo  tympan,  au  sommet  : 

Couronnement  de  la  Vierge  représentée  assise  à la  droite  do  Jésus  et  recevant  la 
couronne  d’un  ange  volant. 

Dans  le  registre  moyen  ; son  inhumation  ; les  disciples  au  nombre  de  quatorze  le 
déposent  dans  uu  cercueil  décoré  d’ornements  byzantins. 

Registre  inférieur  ; les  six  prophètes  qui  l'ont  annoncé  au  moude,  assis  et  dérou- 
lant sur  leurs  genoux  une  banderole. 

Sur  les  chambranles  où  sont  scellés  les  gonds  des  vantaux  (pl.  10.)  les  figures  du 
Zodiaque  et  les  travaux  qui  y correspondent  (pl.  II.)  ainsi  distribuées. 

A gauche  sur  la  face  externe  le  Verseau^  les  PoUsous,  le  Bélier^  lo 
TaiireaO}  les  Qéoicaiis  et  le  Ijfoil  au  lieu  du  Caucci*  l auxquels  corres- 
pondent sur  la  face  latérale  : 

Une  offrande  à Janus,  üu  individu  assis  devant  un  fuyer  et  ciiauffant  ses 
pieds  et  ses  chaussures.  Un  jardinier  taillant  un  arbre.  Un  campagnard  cueillant 
des  herbes.  Un  individu  tenant  une  branche  on  fouilles  et  un  oiseau,  symboles 
naturels  du  mois  do  mai.  Enfin  un  campagnard  chargé  d’une  botte  de  foin. 

A droite  du  portail  et  dans  des  conditions  analogues,  en  suivant  un  ordre 
inverse 

Le  Caacer  et  un  faucheur.  A la  place  de  la  Vierge  dont  la  statue  orne  déjà  le 
trumeau,  un  Tailleur  lie  pierre,  l’auteur  sans  doute  do  ce  zodiaque,  et  uu  mois- 
sonneur. Une  femme  portant  la  Balance  cl  uu  vendangeur  foulant  le  raisin. 
Le  Scorpion  et  un  Semeur.  Le  Sagittaire  et  un  berger.  Enfin  le  Capricorne 
cl  un  fermier  qui  abat  un  porc. 

Sur  les  portes  latérales  des  trumeaux  se  déveluppcnl  à leur  tour,  ce  que 
l’on  est  accoutumé  d’appeler  les  âges  elles  températures  (pl.  11.)  que  noua  ne 
détaillerons  pas,  mais  au  sujet  desquels  nous  ferons  remarquer  que,  toutes  ces 
figures  sculptées  les  unes  au-dessus  des  autres,  jusqu'au  linteau,  vont  iuscnsible- 
raent  en  aiigmenlaDl  do  proportions,  et  de  manière  à ce  que  la  plus  élevée 
se  trouve  d'un  type  double  de  la  plus  basse;  intenliou  de  perspective,  qui, 
dans  des  tableaux  si  rapprochés  des  spectateurs,  est  plutôt  désagréable  qu'utile. 
Mais,  ne  demandons  pas  à cette  époque  un  goût  quelle  ne  pouvait  avoir. 

EnCü,  terminons  la  description  de  celte  porte  en  signalant  le  chevron  qui 
i enveloppe  tout  entière;  (pl.  1'*.)  Le  dais  qui  domino  la  figure  du  trumeau; 
{pl.  10.)  Ceux  qui  supportent  les  voussures  et  décorent  les  jambages  ou  pieds 
droits,  aujourd’hui  veufs  do  leurs  statues;  et  enfin  les  vanicaux  célèbres  par 
les  arabesques  do  fer,  dont  les  a ornés  un  artiste  de  l'époque,  que  l'ou  nomme 
Biscornel,  vantaux  qui,  saus  moulures  et  sans  reliefs  prétculieux,  formant  deux 
champs  à peu  près  unis,  laissent  toute  leur  importance  à la  statue  de  la 
Vierge,  à celles  qui  décoraient  les  jambages  et  jusqu’aux  bas-reliefs  des  chambranles. 

PORTE  SAINT-MARCEL. 

Celle  porte,  faussement  appelée  porte  Sainte-Anne,  et  à laquelle  nous  rétablissons 
le  nom  de  Saint-Marcel,  de  la  statue  de  ce  saint  évêque  qui  orne  son  trumeau,  offre 
outre  CO  qu'elle  contient  de  commun  aux  autres  entrées,  comme  voussures  cou- 
vertes de  figures,  et  jambages  à dais  et  à grandes  statues,  offre,  disons-nous,  dans 


le  registre  supérieur  de  son  tympan,  un  tableau  que,  sous  le  point  de  vue  de  l’art, 
nous  ne  saurions  passer  sous  silence. 

Dans  un  arc  hémisphérique  à peine  brisé  à son  sommet  pour  lo  conformer  à l'art 
ogival,  l’arlisle,  sans  doute  aecoutnme  à Iravaillcr  dans  des  provinces  fidèles  à i’ar- 
chiteclurc  romane,  a représenté,  sous  uu  dais  à plein-ciulre  et  à dôme,  une  figure 
de  la  Vierge  assise  sur  un  trône  et  tenant  sur  ses  genoux  t'enfaul  Jésus  assis,  un  livre 
à la  main  ; l'un  et  l'autre,  vos  do  face  et  dans  ce  goût  byzantin  que  Cimabué  modifia 
plus  lard  et  doul  le  Giotto  affranchit  enfin  la  peinture  pour  imiter  lo  modèle  vivant. 

Je  ne  sais  si  jusqu  ici  ce  bas-relief  a été  signalé,  mais  toutefois  ceux  de  nos  lec- 
teurs qui  lo  connaissent,  nouspardonncronlsans  peine,  je  pense,  do  leur  avoir  rappelé 
ce  travail , dernier  souvenir  de  l'art  oriental  que  les  architectes  gravèreut  dans  leurs 
conslruelions  du  nord  de  la  France  où  l’art  ogival  prévalut  seul  à partir  de  celle 
époque. 

Mainlonan t voici  1 explication  des  figures  qui  décorent  le  trumeau  (V.  pl.  17  et  18). 
D’après  une  légende,  du  temps  où  Sainl-.Marccl  vivait , un  énorme  dragon  , givro 
ou  serpent,  fut  suscité  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine  où  il  répandait  tout  au  moins 
l'épouvante,  sinon  la  mort,  après  avoir  fait  clocliun  do  domicile  dans  un  cimetière, 
au  fond  de  la  torabe  d’une  femme  depuis  peu  inbuiuée,  mais  qu'il  respecta. 

Comme  on  le  prévoit,  Saint-Marcel  so  rendit  un  jour  à la  rencontre  du  mouslre 
au  moment  où  il  allait  sortir  de  son  horrible  retraite , cl  lui  posant  le  pied  sur  la 
télé  le  fit  passer  de  vie  à trépas. 

Ainsi  1 on  voit  sur  le  trumeau  le  saint  évéque,  dont  notre  artiste  a fort  mal  rendu 
la  mitre  primitive,  le  pied  sur  la  tête  d'uu  dragon  ailé  dont  la  queue  se  déroule 
jusque  dans  la  fosse  où  depuis  reposa  la  morte  en  question. 

N’y  aurait-il  point  dans  celte  légende  quelque  trait  aux  débordemcnls  de  la  Seine? 
On  sait  que  depuis  I histoire  de  Pithon,  les  anciens  reprcsenlaicnt  ces  accidents 
par  des  dragons  allégoriques , cl  l’offrande  à Janus  tracée  sur  les  chambranles  do  la 
porto  de  la  Vierge,  nous  prouvant  qu'au  xiif  siècle  et  malgré  la  fencur  chrétienne, 
tout  souvenir  payen  n était  point  encore  effacé  de  la  mémoire  des  hommes  ; il  est 
probable  qu’aux  temps  primitifs  de  Saint-Marcel  on  a pu  faire  une  légende  clirctieoDC 
avec  les  figures  du  paganisme.  Ainsi  tout  s’enchaîne  ici  bas. 

PORTE  CENTRALE. 

Ce  portail,  aux  pieds  droits  duquel  on  a restitué  les  grandes  figures  des  Apôtres, 
et  dont  on  restaure  en  ce  moment  le  tympan  et  le  trumeau,  enlevés  lors  du  mariage 
de  Louis  XV  pour  de  prétendues  convenances  d’un  cérémonial  malentendu,  offrait 
au-dessus  de  son  linteau,  la  terrible  scène  de  la  fin  du  monde,  que  nous  allons  décrire 
afin  que  l'on  puisse  juger,  lorsque  l'échafaudage  sera  enlevé,  si  les  reslanralcurs 
modernes  ont  suivi  les  anciennes  compositions  on  s'ils  nous  ont  donné  de  leur  in- 
vention. 

Dans  le  registre  inférieur,  la  résurrection  des  morts. 

Deux  anges,  un  à chaque  extrémité,  sonnant  do  la  trompello.  Les  morts  ressus- 
silaient.  On  voyait  se  drosser  hors  do  terre  des  guerriers  tout  armés,  des  rois,  des 
évêques,  des  moines,  des  femmes,  etc. 

Dans  la  partie  moyeune,  le  pèsement  des  âmes.  Au  centre,  Lucifer,  sous  la  forme 
d’un  animal  velu  et  bizarre,  attendant  debout  l’cpreuTe  faite  par  un  ange,  non  sans 
appuyer  sa  griffe  sur  le  bassin,  tandis  qu'un  petit  démon,  passé  sous  la  balance, 
voulait  faire  tomber  le  poids  fatal;  l'ange  retenait  le  fléau. 

A droite  de  l'ange,  élus,  dont  un  effrayé  du  voisinage  des  esprits  malins. 

A gaucho,  les  réprouvés  pleurant  et  enchaînés  tous  ensemble,  étaient  entraînés 
par  deux  démons  Iriompbaols,  l'un  les  tirant,  l’autre  les  poussant. 

Enfin,  dans  lo  sommet  de  l’ogive,  le  Christ  sur  un  trône,  les  pieds  sur  une  hémis- 
phère historiée  d'un  groupe  d’édiCoes;  ayant  à sa  droite  uuange  armé  de  la  lance  et 
la  Vierge  à genoux;  à sa  gauche,  un  second  ange  avec  la  croix,  cl Saint-Jean  dans  la 
position  de  sa  Mère. 

Ou  voyait  aussi,  à droite  et  à gauche  de  ce  portail,  les  vierges  sages  et  les  vierges 
fulles,  allégorie  tirée  de  l’Evangile  selon  Saint-Mathieu. 


FAÇADE  SEPTENTRIONALE. 


CONTREFORTS. 

D'après  l'orienlatiou  hiératique,  la  façade -que  l'on  a à gauche  on  entrant  dans 
une  église,  étant  située  au  nord,  on  a appelé  septentrional  le  portail  qui  s’y  trouve 
élevé. 

Or,  si  l’on  remarque  une  différence  immense  entre  les  façades  antérieures  des 
temples  pa'iciîset  des  églises  ogivales,  la  différence  n’cxislc  pas  moins  dans  leurs  façades 


latérales,  et  elle  y devient  encor  plus  essentielle,  à cause  des  divers  rangs  d'ouvertures 
qui  sont  pratiquées  dans  ces  dernières  et  surtout  de  ces  audacieux  corps  d’architec- 
ture qui  s’y  développent  sous  le  nom  de  contre-forts. 

Je  sais  que  l'ou  a dit,  do  cos  dernières  parties,  en  les  considérant  d’un  point  de  vue 
trop  étroit,  qu'elles  nuisent  à l’effet  général  des  grandes  lignes,  et  embarrassent  le 
coup-d’œil.  Mais,  à cause  même  de  cela,  les  églises  chrétiennes,  recevant  une  phy- 
sionomie particulière  et  originale  qui  forme  un  genre  à part  dans  le  monde  des  mo- 


NOTllK-DAME  DE  PARTS. 


niimcnls,  j'oublie  volontiers  los  donüées  plus  simples,  plus  homogôoes  de  l antique, 
cl  marquant  le  bien  où  je  le  trouve,  je  ne  puis  me  refuser,  en  contemplant  notre 
métropole,  par  exemple,  de  jouir  de  l'effet  harmonique  et  complet  que  ses  parties 
me  présentent,  et  qui,  dans  le  vaste  domaine  des  créations  de  I art,  sert  à constituer 
celle  variété  que  l'Iiommc,  image  do  Dieu,  imite  dans  l’œuvre  de  son  créateur. 

Mais  là  ne  doit  pas  se  borner  notre  approbation,  elle  nous  serait  commune  avec 
tout  le  monde.  Notre  lAche  est  de  recIiercLcr  si  ces  corps  architectoniques  ont  été 
inventés  par  l’utilité,  par  la  nécessité  ; si,  co  un  mol,  leur  raison  d'élre  s'accorde  avec 
la  logique,  et  s'ils  auraient  pu  ne  pas  exister. 

Dans  les  grands  temples  anciens,  la  toiture,  proprement  dite,  n appartenant  qu  au 
pronaos, à la  relia  etàl'opUistoilÔDSCOu  trésor,  les  murs  latéraux,  aidés  des 
péristyles  intérieurs  et  extérieurs,  et  vu  leur  peu  d'élévation,  n’eurent  jamais  rien 
à craindre  du  poids  qu’ils  supportaient.  Mais  dans  les  temples  plus  modestes  et  alors 
enliéroment  couverts,  les  architectes  n’oublièrent  jamais  de  soutenir  leurs  parois  soit 
par  des  colonnes,  soit  par  des  pilastres. 

De  là  l'origine  de  nos  contre-forts  qui,  .à  l'état  de  pilastres,  comme  chez  les  anciens, 
s'appiijanld’abord  contre  les  murs  des  petites  églises  romanes,  prirent  toujours  plus 
de  corps  à mesure  que  les  voûtes  s’élevaient  cl  que  les  nefs  s’élargissaient,  jusqu’à  ce 
qo'enlin  s'adjoignant  l’arc -boutant,  ils  eussent  affecté  la  forme  que  nous  leur  voyons, 
quand  la  grande  nef  s'élevant  outre  mesure  au-dessus  des  collatéraux  demanda  à être 
soutenue  contre  la  charge  et  la  poussée  du  grand  comble. 

Cependant  les  contre-forts  ayant  pris  t.ant  d’importance  à leur  base  et  jusqu’à  la 
hauteur  des  nefs  collatérales,  qu'ils  étaient  devenus  de  véritables  murs,  on  comprend 
que  les  églises  aient  dù  offrir  alors  un  fâcheux  effet  de  perspective  à reitérieur. 

Mais  comme  ce  qui  faisaitdéfaiit  àccllc  époque  de  foi,  ce  n'était  pas,  certes,  l’esprit 
d'invention,  quand  il  s’agissait,  surtout,  du  service  de  Dieu,  le  remède  se  fit  peu 
attendre;  et  bientôt  par  la  simple  addition  d'un  mur  de  clôlure,  à hauteur  de  main 
d'homme,  entre  chaque  contre-fort , par  l'clablissemenl  d’uuc  immense  baie  et  d'une 
voûte  couvrant  tout  l'espace  compris  jusqu'au  mur  de  l'église  (ce  qui  constitue  un 
troisième  étage  de  toitures),  non-sculemcnt  on  régularisa  le  monument,  mais  on 
gagna  de  nouveaux  édifices  qui  devinrent  les  chapelles  actuelles,  quand  on  les  eut  fuit 
communiquer  avec  l’intérieur  du  temple.  Dès  lors,  le  plan  de  l'ancienne  basilique 
latine  sc  trouva  tellement  modifié,  qu'à  n’en  juger  que  par  les  résultats  seuls,  on  serait 
presque  en  druit  de  nier  sa  parenté  avec  les  cathédrales  du  xiv‘  siècle. 

PORTAIL  DE  PIIILIPPE-LE-BEL. 

(r.  pt.  7-20). 

Avant  la  bataille  de  Mors,  Pliilippe-!e-Bel  ayant  dans  une  vision  reçu  de  la  propre 
bouche  de  la  Yicrge  l'assurance  de  la  victoire  qu'il  remporta , après  avoir  fait  don  à 
Notre-Dame  d’une  statue  équestre  où  il  était  représenté  tel  qu'il  parut  dans  le  com- 
bat, il  fit  trente  ans  après,  en  1313,  édifier  ce  portail  qu'il  dédia  à la  Mère  de  Dieu. 

Ce  portail,  percé  d'une  seule  porte  à trumeau,  d'une  rosace  égale  en  dimension  à 
telle  de  la  façade,  surmonté  d’un  pignon  décoré  de  roses  occluses  cl  flanqué  de  deux 
pyramides  , et  de  plus  décoré  de  (rois  galeries  ménagées  à différentes  hauteurs  et  dont 
la  plus  centrale , percée  à jour , sert  à éclairer  le  (ranseps  , présente  au  premier 
coup-d'œil,  comme  ensemble,  un  aspect  tout  à fait  différent  de  celui  qu'offre  le  por- 
tail principal. 

El  l'on  peut  dire  que  si  ce  dernier  est  surluut  remarquable  par  sa  majeslnciise 
sévérité . celui-ci  ne  Test  pas  moins  par  le  caractère  d'élégance  qui  le  distingue. 

Ses  jambages,  scs  niches,  scs  dais,  scs  pinacles,  scs  moulures  pyramidales  cl  les 
corbeaux  qui  eu  supportent,  ou  plutôt  qui  en  (crmioent  les  bases , et  parmi  lesquels 
on  distingue  les  quatre  animaux  symboliques,  méritent  d'élrc  étudiés. 

Quanta  la  statuaire,  elle  est  loin  de  le  céder  en  rien  à celle  des  autres  portails, 
et  les  ligures  qui  s'y  distinguent  sont  ainsi  distribuées  : 

Dans  les  voussures  : 

Les  Vebtcs  théologales,  les  Mages,  Estbeb  et  Daviu. 

Daus  le  tympan,  au  bas  ; 

La  Naissance  de  J.  G.,  l'Adoration  des  Mages;  la  Présentation,  le  Massacre  des 
Innocents  , la  Fuite  en  Egypte. 

Dans  le  registre  moyen  : 

L’histoire  d'un  homme  qui  s'osl  donné  au  démon. 

Au  sommet  : 

Un  saint  Prélat,  saint  Marcel,  montrant  le  livre  de  vérité  a do  pauvres  créatures 
qni  en  paraissent  ravies.  Tableau  que  les  artistes  qui  étudient  les  monuments  reli- 
gieux devraient  venir  consulter,  s'ils  sont  jaloux  de  connaître  tout  ce  que  leurs 
devanciers  des  épopées  de  foi  ont  su  mettre  d’onction  et  de  douceur  daus  la  physio- 
nomie de  leurs  figures,  comme  dans  leur  pose. 


Toutes  figures  jadis  peintes  et  dorées  selon  la  pratique  du  moyen-âge  cl  de  l'anli- 
qtiilé. 

EoCq  sur  le  trumeau,  la  figure  de  la  Vierge  , son  fils  mutile  sur  le  bras  gauche  et 
posant  sur  un  socle  où  se  montre  un  dragon,  selon  sans  doute  celle  parole  : Super 
aspidem  et  basilùcum  ambulabis  et  conculcabis  Iconem  et  draconem,  et  celte  pro- 
messe de  Dieu  à Adam  : La  femme  éa'asera  la  tCte  du  serpent. 

A ceux  qui  remarqueraient  combien  celte  figure  de  Mame  est  plus  en  harmonie 
comme  slyle  cl  comme  grandeur  avec  son  portail  que  celle  de  la  porte  de  la  Vierge, 
nous  dirons  que  la  figure  du  nord  est  la  statue  originale  et  primitive  commandée  par 
l'architecte  royal  et  exécutée  sous  ses  yeux  ; tandis  que  Taulrc,  sauvée  des  débris  de 
la  modeste  égliscdeSAiNT-AiGNAN,  n' est  là  dans  sa  pelilesseet  dans  sa  facture  étrangère 
que  comme  substitution  à la  figure  qui  décorait  ce  trumeau  du  xiii'  siècle  dont  le 
socle  a dû  être  relevé  afin  que  la  tête  de  la  uonvelle  figure  ne  sc  trouvât  pas  trop 
éloignée  du  dais  qui  la  surmonte. 

PORTE  ROUGE. 

O',  pt.  21). 

La  porte  rouge , ainsi  nommée  de  la  couleur  qui  a toujours  relevé  ses  vantcaux, 
ouverte  en  face  de  l'ancien  cloUre  Notre-Dame  et  nécessitée  par  le  besoin  qu'avait  ic 
cbapllrc  métropolitain  de  pénétrer  facilcmcot  dans  le  chœur,  si  l'on  en  juge  par  les 
figures  sculptées  dans  son  tympan , aurait  été  construite  des  largesses  de  Jean-sans- 
Peur.  bcc  de  Bourgogne  , qui  s’y  est  fait  représenter  à genoux  avec  M.aeguebite 
de  Bavière  son  épouse,  Tun  à droite,  l'autre  à gauche  d'un  couronnement  de  la 
Vierge. 

Rien  de  plus  beau  de  proportions  que  cette  ouverture,  et  quoique  les  détails  certes 
ii’y  fasscnl  pas  défaut,  on  s'aperçoit  facilement  qu'ils  sont  groupés  et  ménagés  de 
manière  à faire  valoir  l'ensemble  sans  y nuire,  chose  fort  rare  dans  Tarchiteclurc 
ogivale  surtout. 

SOUBASSEMENTS  ET  ROSACES. 

(V.  pl.  19,  20). 

A la  suite  de  la  porte  rouge  on  trouve,  sur  le  nu  des  soubassements  et  à un  mètre 
du  sol,  sept  bas-reliefs  représentant  : 

1“  La  sainte  Vierge  mourant  au  milieu  des  Apôtres. 

2°  Ses  funérailles.  Tableau  peu  conforme  à la  liturgie. 

3”  Son  Assomption.  La  figure,  d'une  rare  élégance,  est  enlourée  d'une  guirlande 
de  fleurs  en  forme  de  l'ellipse  qui  environne  ordinairement  la  figure  do  J. -G.,  et 
que  les  archéologues  désignent  sous  le  nom  de  Vesica  piscis» 

4°  J. -G.,  environné  d'anges,  attendant  sa  Mère. 

6“  J.-C.  et  sa  Mère  trônant  au  ciel. 

Une  Annonciation  en  demi-relief  encombre  ce  tableau,  faute  de  goût  commune  aux 
artistes  de  ce  temps-là. 

G*  Tlrgo  dolorosa,  la  Vierge  aux  pieds  de  Jésus  souffrant. 

7”  Enfin  un  tableau  composé  de  trois  parties  que  Ton  explique  ainsi  : 

1".  Une  bonne  femme  se  donne  au  Démon  par  contrat  cl  par  Tinlermcdiairc  d'un 
magicien. 

2*  Un  bénédictin  prie  la  Mère  de  Dieu  pour  celte  malbcurcnse. 

3’  Le  Démon  tremblant  rend  le  contrat  à la  Vierge. 

Avant  d'abandonner  ce  portail  nord,  mais  toutefois  sans  vouloir  anticiper  sur  la 
description  de  Tinterieur,  nous  pénétrerons  dans  l'église  pour  remarquer  la  rose 
occluse  qui  orne  Timposlc  de  cette  ouverture,  dont  les  rayons  allongés  outre-mesure 
et  irréguliers  dans  le  style  rayonnant  du  iiV  siècle  sont,  à nos  yeux,  l'indice  de  la 
forme  qni  caractérisa  plus  tard  le  xV. 

De  là,  élevant  nos  yeux  jusqu’à  la  grande  rosace,  où  le  simple  rayonnement 
du  XIV*  siècle  se  trouve  déjà  modifié,  nous  expliquerons  les  denx  principales  scènes 
que  nos  artistes  ont  prise  aux  sujets  des  vitraux. 

La  première  représente  TAstecbist  entouré  de  satellites,  qui,  après  avoir  fait  saisir 
ÉNOCii  et  Eue  revenus  sur  la  terre  pour  subir  la  mort,  ordonne  à un  homme  armé 
d'un  sabre  de  les  décapiter. 

Ce  tableau  est  encadré,  en  partie,  par  uneiascriplion  en  capitales  gothiques  divisées 
en  deux  et  portant  : 

A.MTECRIT  QI  FAIT  TUER. 

Helias  i Enoc. 

Dans  le  second,  on  voit  TAntcchrist  renversé  par  Dieu,  le  Fils,  qui  le  poursuit; 

F,t  celle  inscription  en  mêmes  lettres  que  la  prcccdcolc  : 

Ce  est  db  qui  tcb  ahtecrist.  [f.  pl.  28  à 32.) 


NOTRE-DAME  DE  PARIS. 


FAÇADE  MÉRIDIONALE. 


PORTAIL  SAINT-ÉTIENNE. 

(^.  pl.  33). 

Après  nous  é(re  clondu  sar  le  portail  nord,  il  sérail  suraLondanl  de  nous  arrêter 
sur  1 économie  do  celni-ci,  si  nous  n’avions  à instruire  le  lecteur  que  le  nom  do  saint 
Etienne,  sous  lequel  on  le  désigne,  indique  que  là  devait  exister  l’église  primitive 
consacrée  à ce  saint  cl  que  l'on  dut  mettre  à Las  pour  régulariser  et  agrandir  le  plan 
de  notre  cathédrale. 

Les  ligures  qui  le  décorent  sont  ; 

Sur  le  trumeau,  une  statue  de  saint  Étienne,  aujourd’hui  enlevée; 

Dans  le  tjinpan,  les  deux  registres  inférieurs  consacrés  à la  vie  du  môme  saint  ; 

Le  sommet,  contenant  J. -G.  tenant  le  globe  et  adoré  par  deux  anges; 

Sur  les  soubassements  les  plus  extérieurs,  à droite  et  à gauche,  huit  bas-reliefs, 
dont  cinq  relatifs  à rhistoire  du  premier  des  martyrs  ; 


FAÇADE 

ABSIDE. 

{V.pl.  37,  38.) 

Il  s'cQ  faut  que  toutes  les  églises  chréltcnuGS  de  la  môme  époque  présentent  à leur 
abside  un  aspect  identique  ; car,  selon  que  l'archiicclc  a été  plus  ou  moins  Qdèle  aux 
ancienocs  traditions  byzantines  ou  plus  enlralné  par  les  nouvelles  données  ogivales, 
celle  partie  affecte  des  formes  diverses. 

En  effet,  dans  les  anciennes  églises,  les  trois  nefs  s'arrêtaient  à l’intérieur  à un 
traeseps  sans  importance  et  sans  saillie  au  dehors  ; au-delà,  le  cheeur  et  deux  cha- 
pelles latérales  sc  terminant  en  hémicycle  formaient  le  mur  du  temple  au  levant  et 
présCQtainnt  trois  saillies  dont  la  plus  importante , celle  du  centre  , était  le  chevet  de 
l’église. 

Tandis  que  dans  les  grandes  églises  ogivales  du  nord  , les  deux  nefs  latérales  sc 
continuant  nu-dclà  du  trauseps  cl  autour  du  chccur,  l'abside  n'a  plus  été  le  sanc- 
tuaire mais  la  partie  la  plus  centrale  et  la  plus  orientale  du  la  galerie  qui  tourne  au- 
tour du  chœur,  partie  que  l’on  a par  tradition  fait  saillir  à l'extérieur  en  y élablissaul 
une  chapelle  ordinairement  consacrée  à la  Vierge,  mais  aussi  où  la  forme  circulaire 
des  anciens  a fait  place  à la  forme  polygonale. 

Il  suit  delà  que  l’abside  ne  devant  être  selon  nous  que  le  lieu,  üW  AB6as  SIDE^, 
cl  ce  lieu  ne  pouvant  être  que  le  sommet  du  chœur,  aucicnne  place  du  juge  dans  la 


El  immédiatement  au-dessous,  se  déroulaul  comme  une  frise  une  inscription 
portant  la  date  du  commencement  des  travaux  de  ce  portail;  inscription  que  nous 
donnerons  à la  fin  de  celle  notice,  quand  viendra  le  moment  de  juger  l'âge  de  notre 
cathédrale. 

Quelque  envie  qnc  nous  ayons  de  passer  outre,  nous  remarquons  que  l'identité 
qui  existe  dans  les  masses  de  ces  deux  portails  correspondants  du  nord  et  du  sud,  est 
ici  une  des  causes  qui  concourent  à former  cet  aspect  noble  et  sévère  de  notre  église 
métropolitaine,  caractère  qui,  plus  en  rapport  avec  la  pondération  des  forces  ualu- 
rellcs,  et  les  exigences  d’une  raisou  éclairée,  si  respectées  des  .vueiens,  doit  faire 
regarder  notre  basilique  comme  un  moDumeni  plus  près  de  la  perfection  que  tant  de 
ceux  que  l'on  ne  célèbre  qu'à  cause  du  goût  hétéroclite  et  bizarre  qui  a présidé  à la 
distribution  de  Icui's  parties,  de  quelque  richesse  décorative  qu'on  ait  voulu  parer 
ces  défauts. 


ORIENTALE. 


basilique  latine;  dans  les  églises  à déambiilaloli‘e,  c'esL-à-dire  où  le  chœur  est 
entouré  de  bas-côtés  comme  à Notre-Dame,  l’abside  u’existe  réellement  pas,  et  leur 
chevet  n'en  prend  le  nom  que  par  abus. 

Si  l’on  voulait  comparer  entre  eux  ces  deux  genres  d’absides,  en  discuter  les  qua- 
lités respectives , il  faudrait  surtout  prendre  pour  termes  de  comparaison  notre 
église  métropolitaine  et  Notre-Dame  de  Dijon  qui  est  son  diminutif,  mais  avec  plus 
de  simplicité  et  d’élégance,  et  que  le  célèbre  Soufflot  ne  craignait  pas  d'admirer  et 
de  citer  malgré  son  aversion  pour  ce  qu'il  appelait  le  gothique. 

Mais  là  on  se  convaincrait  aussi,  je  pense,  que  l’importante  modification  du  déam- 
bulaioirC)  apportée  à Tcconomie  des  temples  cbréliens , a le  double  avantage  d’é- 
carter le  sanctuaire  du  contact  immédiat  avec  l'extérieur  et  de  permettre  aux  officiers 
de  l'église  d'agir  avec  plus  de  liberté  pour  le  service  de  l'autel , en  même  temps  qu'il 
est  depuis  beaucoup  plus  facile  aux  processions  intérieures  de  se  développer  avec 
plus  de  pompe  et  beaucoup  moius  d'embarras. 

Quoi  qu’il  en  soit,  c'est  surtout  à cette  partie  de  l’église  que  l’architecte  inconnu, 
auteur  du  plan,  a pu  faire  exécuter  lui-méme,  que  l'on  reconnail  une  œuvre  de 
maître  , et  c'est  à ce  luxe  de  contreforts  , de  pinacles  et  d’arcs-boutants  de  diverses 
dimensions,  comme  à ces  trois  rangs  de  balustrades  et  de  terrasses,  que  la  cathédrale 
de  Paris  emprunte  cotte  fameuse  cl  grandiose  physionomie  qui  la  distingue  de  toutes 
le.s  autres  fabriques,  soit  entre  les  vues  de  la  capitale , soit  entre  les  vues  du  monde 
entier. 


INTÉRIEUR. 


A moins  d'Ôtre  possédé  de  la  prévention  la  plus  aveugle  et  la  plus  insensée:  il  est 
impossible,  lorsqu’on  pénètre  dans  une  église  importante  du  xiiU  siècle,  de  ne  pas 
ôlro  saisi  de  l'enthousiasme  qui  a dû  transporter  les  architectes  de  celle  époque  et 
dont  toutes  les  pierres  qu'ils  ont  mues,  façonnées  et  établies  jusqu’à  des  hauteurs 
effrayantes,  portent  encore  l'empreinte. 

Quelle  élévation,  quelle  audace,  quelle  immensité,  quel  mystère,  quelle  aspiration 
vers  le  ciel  ! 

C'est  ici  qu’il  faut  avouer,  ou  jamais,  que  la  basilique  ogivale,  à cause  de  son 
caraclère  myslérieuxet  élevé,  expression  des  sentiments  chrétiens,  adroit  de  so  placer 
comme  art  original  à côte  des  temples  de  l'Égypte  et  de  la  Grèce,  et  avant  tout  ce 
que  les  modernes  ont  pu  exécuter  depuis,  en  remaniant  des  éléments  caducs  qui, 
malgré  leur  rapport  avec  les  tendances  de  moins  eu  moins  religieuses  des  peuples, 
n’ont  abouti  qu'à  des  monuments  morts  et  froids  comme  le  marbre  qui  les  orne  et 
où  l’art  seul,  malgré  scs  recherches,  sa  précision,  sa  pureté  môme,  ue  remplacera 


jamais  cctle  ànie , ce  foyer  brûlant  et  créateur  qui  remplit  les  églises  du  xiii*  siècle 
et  éclate  jiisques  dans  leurs  détours  les  plus  sombres. 

Ces  sentiments,  une  fois  exprimés,  voyons  quelles  sont  les  parties  qui  composent 
l intérieur  de  notre  cathédrale  et  discutons-en  incthodiquemenl  l'économie. 

L intérieur  de  Notre-Dame  présente,  à l’œil  de  l’archéologue,  en  partant  de  l'entrée 
principale  : 

1°  Deux  NARTHEX  latéraux  séparés  par  un  vestibule  libre. 

2'  Cinq  nefs,  dont  une  nef  centrale  et  deux  doubles  nefs  latérales. 

3"  Un  TRANSEPTS,  pcrcü  à son  extrémité  septentrionale  du  portail  de  Puilippe 
le  Bel,  à son  exlrémité  méridionale  du  portail  S.vint-Étiensb. 

4“  Un  SANCTUAIRE  OU  chœur. 

S”  Un  DBA.MUULATOIRE  doublc,  OU  bas-côtcs  du  chœur,  tournant  autour  du  sanc- 
tuaire et  terminé  à son  extrémité  orientale  par  une  chapelle  polygonale  dédiée  à (a 
Vierge  ei  remplaçant  l'abside. 


10 


NOTRE-DAME  DE  PAKIH. 


NARTIIEX. 

Dans  l(!S  ancionncs  basiliques,  on  appelait  nàrtuck  ou  pronaos,  les  vestibules 
iutéricurs  auxquels  donaent  immédiatement  accès  les  portes  occideolalcs,  cl  qui  se 
trouvent  en  avant  des  oefs. 

Les  NARTUExnc  sont  sou  vcDl,  comme  ici,  quoie  rez-de-chaussée  des  tours  qui  s'é- 
lèvent sur  la  façade  principale. 

I!  ne  faut  pas  les  confondre  avec  l'atrillill  ou  ai’ea,  sorte  de  grand  vestibule  ex- 
térieur entouré  de  portiques  qu'oo  élevait  à l’entrco  des  basiliques,  à l’usage  des  cat- 
thécumenes,  à qui  la  vue  des  mystères  était  encore  defendue,  alritllll  dont  le  plus 
célèbre  et  le  plus  beau  modèle  se  voit  à Notre-Dame  de  Dijon. 

Mais  surtout  il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  ces  petits  portiques  ou  porches  que 
l’on  voit  fréquemment  au-devant  du  portail  principal,  commeà  l'ancicDDc  cathédrale 
de  Beaune  et  à celle  de  Montpellier,  pour  le  garantir  de  la  pluie  cl  des  ardeurs  du 

Dans  notre  église,  lus  nartbex  comme  le  vestibule  central  qui  les  sépare,  sont 
libres,  car  ils  ne  sont  lè  que  comme  tradition  ; mais  dans  des  églises  plus  primitives, 
comme  l'abbaye  d’AiNAV  a Lyon,  ils  sont  complètement  fermés  cl  séparés  des  nefs,  à 
l'exemple  des  {>1*01130801  des  atrilim  autiqiies.  Du  reste,  co  acccplaut  comme  ves- 
tibule ouvert  la  partie  antérieure  de  la  nef  centrale,  nous  en  désignerons  les  limites  à 
l’angle  de  ces  deux  puissants  piliers  qui  font  saillie  dans  rédilicc  et  qui,  en  se  réu- 
nissant vers  la  voOtc,  formeot,  vus  des  transepts,  l'arceau  le  plus  hardi  cl  le  plus 
majestueux  que  riioramc  ait  jamais  osé  peut-être  concevoir  et  exécuter. 

COLLATERAUX. 

On  nomme  coliatériinx  ou  basacôtes  les  nefs  latérales  qui,  parlant  des  onr- 
lllCSj  s’étendent  parallèlement  à la  grande  nef,  limitées  à leur  côté  extérieur  par  les 
chapelles  introduites  dans  les  églises  au  xiv'  siècle.  Ordinaircmeut  simples,  ils  sont 
quelquefois  doubles,  comme  dans  notre  cathédrale,  ou  leur  division  centrale  est 
formée  par  un  rang  de  fûts  et  de  piliers  ronds  è colonnelles  altcrnalivemcot  dis- 
posés. 

Leur  origine  est  latine  puisqu’ils  faisaient  partie  dos  basiliques  ou  tribunaux  dont 
les  premiers  chrétiens  s' emparèrent  pour  célébrer  leurs  mystères,  en  attendant  qu'on 
leur  cul  construit  des  temples  appropriés  à leur  usage,  d'après  les  ordres  de  Cons- 
tantin. El  quant  à leur  destination,  elle  fut,  pendant  longtemps,  de  séparer  les  sexes, 
les  hommes  occupant  le  collatéral  nord,  et  les  femmes  celui  du  sud,  ou  autrement. 

GRANDE  NET. 

( V.  pl.  56.  67). 

L.i  grande  nef  on  nef  centrale  est  celle  qui,  au-delè  des  Iranscpls,  semble  se  con- 
liuner  avec  le  chœur,  cl  qui,  ayant  les  collatéraux  h droite  cl  à gauche,  est  couverte 
par  le  grand  comble,  partie  supérieure  et  extérieure  des  édifices  religieux  du  règuo 
ogival,  qui  domioo,  dans  toutes  les  villas,  les  habitations  des  simples  citoyens,  comme 
celles  des  rois. 

Les  piliers  qui  la  forment  et  la  limitent  des  deux  eûtes  , recevant  le  poids  de  la 
vot\le  par  des  tores  descendants,  qui  s'appuient  sur  le  tailloir  de  leurs  chapitaux, 
forment,  réunis  par  les  arcades  ogivales,  ce  rang  d’ouvertures,  appelées  travées,  qui 
sont  en  communication  immédiate  avec  les  basacéfes. 

Affeclanl  d abord,  comme  ici,  la  forme  de  colonnes,  souvenir  byzantin,  les  piliers, 
quand  le  style  ogival  eut  pris  tout  son  essor,  reçurent  une  forme  carrée  ou  parallc- 
logrammatique  dont  ou  dissimula  avec  beaucoup  d'art  la  rigidité  au  moyen  do  co- 
lonnes engagées  ou  dégagées,  de  dimension  égale  ou  diverse  qui,  par  leur  arrange- 
racnl,  présoQlcnt  dans  les  églises  du  xiii*  siècle  ces  puissants  contrastes  d’ombre  cl 
de  lumière  qui  rendent  l’intérieur  de  ces  édifices  si  imposant,  en  même  temps  quel 
ceilesdescoionncs  groupées  qui  sont  placées  sur  la  parlieanléncuredu  pilier,  s’unissa.i 

avec  les  tores  qui  descendent  dos  voûtes,  paraissents’élancer  jusqu'au  faîte  à travers  les 

chapitaux,  et  cela  sans  que  l’œil  soit  blessé  de  celte  longueur  hardie  et  eu  désaccord 
avec  les  règles  de  l’antique.  C'est  qu’ici,  dans  nos  calhédraics,  ou  sent  instinctive- 
ment que  c’est  une  archilectoniqne  à part,  qui  emploie  scs  moyens  au  service  de  la 
pensée  chrétienne  , qui  va  droit  au  ciel  : Dens  noster  incœlo;  comme  les  Grecs 
employaient  les  leurs  selon  leur  instinct  horizontal  cl  terrestre. 

ÏRIFORHi.M. 

Le  ti'irurilim  est  l’étage  intermédiaire  entre  les  travées  inférieures  elles  baies 
siipériouros  qui  prennent  le  jour  immédiatement  au-dessous  de  la  voûte. 

Cet  étage  a été  nommé  ainsi  de  ce  que  chacune  de  ses  ouvertures,  percée  sur  la 
nef,  se  trouve  symboliqiicmeut  partagée  en  trois  parties  par  dos  colonneücs  qui  en 
forment  la  subdivision. 


Celle  galerie  obscure  comme  à Saint- Jean  de  Lyon,  ou  transparente  commua 
S.UNT -Pierre  dcTroyes,  est  une  espèce  de  couloir  ménagé  le  long  du  mur  sur  la  largeur 
des  piliers,  et  qui  sert  à circuler  à l’intérieur  de  l'édifice  dans  sa  partie  moyenne  , 
quand  le  vide  qu'elle  laisse , affaiblit  d'autant  la  charge  des  piliers  inférieurs. 

Quelquefois  cette  galerie  s’étend  au-dessus  des  collatéraux  et  en  a toute  la  pro- 
fondeur. Comme  ici  et  à Saint -Remi  de  Rlieinis,  dans  ce  dernier  cas,  elle  prend  le 
nom  de  tribune  et  n'csl  qu'un  développement  plus  considérable  du  irirorilim  qui 
en  est  le  type  et  qui  commença  à paraître  dans  les  édifices  romans  du  xi'  siècle. 

CLERESTORY. 

Ce  mol,  que  nous  devons  comme  tant  d'autres  aux  archéologues  anglais  et  que 
l'on  peut  traduire  par  claire-voie,  sert  à désigner  le  deuxième  étage  de  la  nef,  on 
sont  percées  les  baies  qui  éclairent  l'église. 

Celle  disposition,  commune  aux  édifices  romans  du  xi*  et  du  xn*  siècles  et  !i  tontes 
les  églises  postérieures  à ces  temps  , présente  an  xiii'  siècle  un  élancement  cl  une 
étroitesse  qui,  avec  l'aide  des  verrières  de  couleur,  concourent  à donner  à nos 
temples  ce  jour  mystérieux  qui  est  leur  pins  beau  caractère. 

Plus  lard,  l'élargissement  de  ces  baies  et  l’emploi  des  vitraux  incolores  en  v appe- 
lant, comme  à Saint-Pierre  de  Rome,  un  jourplusvif,  ramcnôrenl  l'intérieur  de  l’église 
chrétienne  au  type  des  forum,  et  ce  qu'il  y a de  plus  déplorable  c’est  que  Icss  enuemis 
les  plus  acharnés  de  ce  mystère  si  favorable  au  recueillement  ont  été  jusqu’ici,  sur- 
tout à Paris,  les  hommes  qui  paraissent  devoir  être  ses  défensenrs  nés,  c'est-à-dire 
les  prêtres  et  surtout  les  évêques  ; heureux  si  l'on  n’avail  à leur  reprocher  eu  fait  de 
vandalisme  que  la  dégradation  des  verrières. 

Quand  l'art  ogival  eut  atteint  sa  décadence,  ce  qui  se  manifesta  par  l’abaissement  des 
voûtes,  comme  on  peut  le  remarquer  à Saint-Geem.un-l’Auxebrois,  h Saint-Nicolas 
des  Champs  et  à Saint -Leu,  les  baies  du  clerestory  descendirent  sans  l’intermé- 
diaire du  ii'irurinm  sur  les  travées  du  rez-de-chaussée  et  celles-ci  depuis,  saus 
énergie,  pesamment  et  maladroitemeDt,  n'enreat  plus  àsupporler  que  des  murs  cl  des 
voûtes  s'abaissant,  hélas!  chaque  jour  vers  la  terre  où  l'homme  semblait  avoir  de 
nouveau  rattaché  toutes  ses  espérances. 

TRANSEPTS. 

Celleparlio,  qu'on  appelle  encore  chalcidiquc,  bras  de  la  croix  ou  croisée,  était  dans 
la  basilique  latine  une  enceinte  entourée  de  barrières,  placée  au-dcUi  de  la  nef  cl 
occupée  par  les  avocats,  greffiers  et  autres  gens  de  justice. 

Après  l'iulronisation  du  culte  chrétien,  cette  enceinte  ayant  reçu  les  clercs  cl  les 
chantres,  prit  le  nom  de  chœur,  en  même  temps  que  son  extension  à droite  ctàgauchc 
donna  à l'édifice  l’apparence  symbolique  d'une  croix  dont  le  transepts  forme  les  bras 
et  la  nef  l’arbre. 

A celle  époque  l'autel  était  au  milieu  du  transepts,  comme  aujourd'hui  à Saint-Jean 
de  Lyon  , et  le  célébrant  avait  le  visage  tourne  du  côté  dos  assistants , lorsque  au 
fond  de  l'abside  l'évêque  ou  l’abbé  avaient  pris  la  place  de  juge  pour  présider  ras- 
semblée des  fidèles. 

Dans  le.s  premiers  temps,  le  TRANSEPTS  était  contigu  à l’abside;  puis  plus  lard  on  le 
vit  s’éloigner  et  même  se  placer  au  milieu  de  la  nef  comme  dans  la  croix  grecque. 

Dans  notre  métropole,  placé  avec  une  justesse  infinie  et  un  goût  des  plus  éclairés, 
si  le  transepts  forme  deux  branches  dont  les  extrémités sontpcrcccs  des  portails  nord 
et  sud,  de  leurs  rosaces  et  de  leur  trifobip.m  transparents;  à sa  croisée  avec  la  grande 
nef  il  concourt  à former  ce  carré  central  que  l’architecte  de  Notre-Dame  a circonscrit 
entre  ces  quatre  arcades  aux  dimensions  les  plus  puissantes,  aux  proportions  les  plus 
heureuses,  et  dont  celle  qui  donne  accès  au  chœur  porte  le  nom  d’are  trloDiphal- 

FUTS. 

Le  style  ogival  compte,  parmi  les  divers  caractères  qui  servent  à le  distinguer, 
l'emploi  do  colonnes  minces  cl  allongées  qu'il  disposa  isolément  pour  décorer  les 
murs,  ou  qu’il  groupa  anlour  d’un  pilier  commun  pour  en  dissimuler  la  masse. 

La  longueur  de  ces  colonncltcs  n’est  point  soumise,  comme  celles  des  anciens,  à 
des  règles  fixes  de  hauteur  ou  d’épaisseur;  aussi,  tantôt  elles  s'élanccni  en  faisceau 
jusqu’aux  arceaux  des  voûtes  quelles  reçoivent  et  supportent  ; tantôt  clles-sont  super- 
posées entre  elles,  la  base  des  colonnelles  supérieures  reposant  sans  intermediaire  sur 
le  chapilean  des  inférieures.  D’autres  fois  enfin,  comme  on  le  voit  à Notre-Dame 
l'ordre  inférieur  est  forme  de  fûts  cylindriques,  du  chapiteau  desquels  s’élèvent  des 
faisceaux  de  petites  colonnes  (F.  pi.  56,  .57). 

CHAPITEALTC. 

La  forme  cubique,  encore  en  honneur  au  xii' siècle,  disparut  pour  jamais  des 
chapiteaux  de  i’èro  ogivale  qui,  sans  perdre  lout-ù-fait  la  lourdeur  des  chapi- 
teaux romans,  rappelèrent  néanmoins  la  corbeille  antique. 


NOTRE-DAME  DE  PAR 


Les  snjcls  & figure  humaine  firenl  place  à rornomcnfalion  tirée  du  rogne  végétal 
indigène.  Les  chapiteaux  des  colonnetlcs  offrirent,  éomme  type  particulier  de  l’é- 
poque, quatre  crochets  de  forme  variée,  mais  simple.  Quelquefois  on  y voit,  comme 
snr  les  grosses  colonnes,  deux  rangs  de  feuilles  séparés  ou  non  par  un  tore,  feuilles 
qui  sont  lanlôt  isolées,  tantôt  liées  entre  clics,  tantôt  confondues  avec  les  crochets, 
Quant  au  tailloir,  d’abord  carré,  il  affecta  généralement,  à la  fin  du  xiii'  siècle,  la 
forme  octogone.  (K.  pl.  58). 

BASES  ET  PIÉDESTAUX. 

Au  XIII'  siècle,  la  base  des  colonnes  fut  quelquefois  comme  dans  le  siècle  prccédenl, 
orné  de  iiiascarons,  de  coquillages,  do  volutes,  de  griffes  ou  de  feuillages  contournés 
reposant  sur  le  piédestal.  Le  tore  inférienr  devint  très  développé,  comparativement 
au  supérieur,  et  la  scotie  intermédiaire  fut  creusée,  au  pied  do  la  colonne,  de  ma- 
nière à pouvoir  retenir  l’eau.  Plus  Uird,  au  contraire,  très  rapprochés  l’un  de  l’autre, 
les  tores  ne  furent  séparés  que  par  une  gorge  étroite,  par  un  rang  de  perles  ou  de 
têtes  de  diamants.  Quelques  bases  reçurent  un  aspect  prismatique,  d’autres  furent 
octogones  et  chargées  d'ornements,  et  se  confondirent  avec  les  piédestaux,  qui,  dès  le 
principe,  no  présentant  qu’une  masse  matérielle  et  sans  grèce,  ne  se  modifièrent 
jamais  d’une  manière  essentielle.  {F.  pl.  6S). 

VOUTE. 

Los  premières  églises  romanes  n eurent  pas  de  voûte.  Comme  dans  la  basilique  la- 
tine, la  charpente  et  la  toiloro  servirent  seules  et  pendant  longtemps  à les  couvrir  ; et 
CO  ne  fut  guère  qu’à  la  fin  du  xi»  siècle  que  les  artistes  purent  vaincre  la  difficulté  qu’ils 
avaient  éprouvée  jusque  là  dans  celte  entreprise,  en  employanlles  TOiites  d’arète 
qui  dirigent  lapression  sur  les  piliers  ou  sur  les  colonnes.  On  ne  voûta  d’nbordque  Tab- 
sidc  elles  nefs  latérales,  cl  ces  dernières  de  manière  à ce  qu'elles  servissent  d’arcs-Lou- 
lanls  à la  voûte  de  la  nef  principale;  celle  de  la  croisée,  où  s'élevait  ordinairement 
une  tour,  affectant  la  forme  ovoïde  de  la  coupole  byzantiae. 

L’on  en  était  là  quand  survint  la  révolution  appoiiée  dans  l’archilccloniquo  par  l’a- 
doption de  l’ogive. 

Dès  lors  les  voûtes  se  distinguent  par  une  hardiesse  et  une  solidité  qui  fait  beau- 
coup d'honneur  aux  artistes  de  celle  dernière  époque,  car  quoique  les  matériaux 
qu'ils  employaient  ne  fussent  que  de  petites  pierres  noyées  dans  une  grande  quantité 
de  mortier,  ces  constructions  sont  inaltérables. 

Les  voûtes  ogivales  présentent  comme  les  voûtes  à plein  cintre  des  arceaux  croi- 
sés en  tores,  dont  les  intersections  sont  ornées  de  fleurons,  et  d’autres  arceaux  paral- 
lèles qui  coupent  la  nef  Irausvcrsalcmcnt,  mais  jamais  ils  ne  s'écartent  de  la  simpli- 
cité qui  convient  à leur  puissance. 

Tandis  que,  dès  le  xv*  siècle  et  surlotil  au  xvr,  les  voûtés  ayant  d’abord  perdu 
la  noblesse  do  leurs  proportions,  leurs  nervures,  en  acquérant  plus  de  saillie, 
s'cDirecroLsèrcnl,  sc  ramifièrent  et  sc  compliquèrent  à l’infini,  triste  compensation  dccc 
qu’elles  u' avaient  plus  ; leurs  iiitcrscclious  sc  couvrirent  de  culs-dc-lampes,  d'ccus- 
sons  armoriés  et  d’ornements  de  toute  espèce  qui  enfin  , sous  un  volume  prodigieux 
cl  menaçant,  reproduisirent  ces  stalactites  qu'on  voit  suspendues  dans  lus  grottes  sou- 
tcrraiues. 

Dès  lors  les  arceaux  des  voûtes  abandonnèrent  les  traditions  sublimes  du  xiii'  siècle; 
ils  sc  replièrent  sur  eux-mômes , et  renonçant  à la  direction  ascendante  de  la  pensée 
chrélicnnc  , comme  s’ils  élaicnl  impuissants  désormais  à sc  soutenir  à une  pareille 
hauteur,  ils  traduisirent  aiusi,  et  en  caractères  de  pierre  la  chûto  dcplurable  de 
la  Foi  ! 

INFLEXION  DU  GRAND  AXE. 

On  désigne  ainsi  une  pieuse  bizarrerie  des  architectes  chrétiens  qui,  dans  l'nppli  - 
cation  du  plan  de  leurs  églises  avec  la  croix  , voulurent  quelquefois  imiter  même 
l’angle  formé  par  la  hanche  du  crucifix  en  brisant  leur  axe  au  milieu  de  la  nef,  et  le 
mouvement  penché  de  sa  tôle  en  inclinant  l’abside  à droite. 

Nous  avons  remarqué  cette  disposition  dans  plusieurs  églises , comme  à Notre- 
Dame,  mais  surtout  à Saiot-Cobestin  de  Quimper,  où  l’on  a rendu  les  deux  effets. 

Eoliü  terminons  cctlo  description  de  l'intérieur  par  une  inscription  ancienne 
que  l’on  ne  voit  plus  et  où  l’on  avait  résumé  toutes  les  dimensions  de  notre  cathé- 
drale : 

Si  tu  veux  savoir  comme  est  ample 
De  Notre-Dame  le  grand  temple, 

Il  a dans  œuvre  panr  le  sûr 
Djx-SEPT  toises  de  hauteur 
Sur  la  largeur  de  MMGT-Qüatbb  ; 

El  soiXAHTK-ciKQ  sans  rabaiire 


A de  long.  Aux  tours  iiaui  montées 
Trente-quatre  sont  bien  comptées  ; 

Le  tout  fomlc  sans  pilotis. 

Aussi  vrai  que  je  le  le  dis. 

SANCTUAIRE. 

Comme  nous  l’avons  vu , le  chœur  se  trouvait  au  centre  de  la  croisée  dans  les  pre- 
mières églises.  Mais, plus  tard,  en  donnant  plus  d'extension  à l’abside,  lieu  primili- 
vomcnl  1res  limité  . on  forma  une  annexe  à la  grande  nef,  c’est-à-dire  un  véritable 
sanctuaire  où  le  célébrant,  scs  assistants  et  tout  le  clergé  purent,  séparés  des  fidèles, 
se  réunir  autour  de  l'autel  ainsi  transporté  au-delà  et  au-dessus  des  transepts, 
disposition  qui  a prévalu  depuis,  et  qui  du  reste  nous  parait  la  plus  con- 
venable. 

Cependant  l'évèque  siégea  longtemps  dans  la  partie  absidale  du  chœur,  son  chapi- 
tre autour  de  lui  jusqu’aux  abords  de  l'autel , lorsque  enfin  , par  un  motif  louable 
sans  doute , on  lit  placer  1 autel  au  fond  du  sanctuaire  afin  de  montrer  aux  fidèles, 
par  l’exemple  du  clergé  ainsi  exposé  à leurs  regards,  comment  ils  devaient  assister  à 
la  célébration  des  inysiéros. 

Le  chœur  de  Notre-Dame  de  Paris,  que  scs  marbres,  ses  boiseries,  scs  bronzes  cl 
ses  tableaux  ont  rendu  célèbre  depuis  Louis  XIV,  ne  peut  plus  aujourd'hui . jugé 
par  un  homme  sérieux  et  compélenl , être  considéré  que  comme  un  déleslable  ana- 
chronisme et  un  outrage  vuloniairc  adressé  au  monument  lui-même,  au  glorieux 
inconnu  qui  en  dressa  le  plan  , aux  rois  et  aux  prclals  illustres  qui  l’ont  fait  cons- 
truire, aux  ouvriers  qui  ont  gagné  le  pardon  de  leurs  fautes  en  y travaillant  pieuse- 
ment, cl  enfin  au  peuple  qui  jadis  y adora  Dieu  avec  amour  , y chanta  les  louanges 
de  Marie  et  y glorifia  les  Saints. 

Comment  ce  sanctuaire  trois  foissaint,  autour  duquel  nos  vaillants  aïeux  s'élaicul 
prosternés  avec  humilité . se  trouva-t-il  tout  à coup  à la  fin  du  xvu”  siècle  indigne 
delà  majesté  divine,  ou  mieux,  de  la  présence  des  monarques  et  des  prclals?  Com- 
ment surlOHl  se  put-il  trouver  des  artistes  assez  barbares  pour  proposer  un  pareil 
vandalisme  et  pour  l'exécuter?  Versailles  resplendissant  de  marbres  de  diverses  cou- 
leurs cachait  sous  ces  faux  dehors  une  architecture  sans  pensée,  sans  fime,  sans  art  ; 
faüail-il  que  le  temple  vrai  du  Dieu  vivant  empruntât  le  fard  d’une  œuvre  de  men- 
songe et  de  néant?  Que  Louis  Xlll,  pour  so  reconnailre  des  secours  de  Marie,  lui  ait 
voué  de  riches  offrandes . je  le  conçois  ; mais  qne  ces  offrandes  n'aient  été  entre  les 
mains  de  ses  successeurs  qu’une  occasion  de  dégrader  la  plus  célèbre  des  églises 
consacrées  à la  divine  protectrice  de  la  France,  c’est  ce  qui  étonne  à juste  titre 
aujourd'hui. 

Si  l’on  voulait  décorer,  orner,  embellir  le  temple  de  la  mère  de  Dieu,  il  fallait, 
comme  Philippc-ie-Bol,  choisir  des  parties  où  le  luxe  et  les  ornements  pussent  réelle- 
ment concourir  à sa  beauté  sans  nuire  à leur  sage  disposition. 

Mais  aloi-s  ce  n'etait  pas  au  sanctuaire  qu’il  fallait  s’adresser  , car  si  la  simplicité 
primitive  des  temps  de  piété  doit  être  respectée  quelque  part,  c’est  surtout  dans  ce 
lieu  que  la  présence  réelle  de  la  divinité  dans  le  labernacle,  remplit  par  elle-même 
d’assez  de  majesté,  de  gloire  et  de  vénération. 

El  c’est  du  reste  ainsi  que  les  anciens  Egyptiens  l’avaient  compris  dans  l’économie 
de  leurs  temples,  non  moins  vastes  que  magnifiques. 

Le  prclendii  erabellissemenl  fut  cependant  exécuté  , mais  comme  il  ne  le  fut  qu'à 
la  honte  de  ses  artisans  et  do  ceux  qui  depuis  l’om  respecté,  osons  espérer  que  bien- 
tôt l’on  rendra  cette  partie  de  notre  cathédrale  à sa  noblesse,  à sa  simplicité,  à sa 
beauté  primitives. 

Tel  est  le  vœu  que  nous  cmettons  ; quant  à ce  qui  compose  , décore  et  masque 
aujourd  hui  le  chœur , nous  en  faisons  si  peu  do  cas  que  nous  nous  contenterons  de 
renvoyer  aux  inventaires  de  Gueffier  et  de  Gilbert  les  personnes  qui  seraient  jalouses 
de  le  connaître. 

DÉAMBULATOIRE. 

Le  Déambulatoire, deamlmlaËorlnm,  appelé  vulgaircmentbas-côtésduchœur, 

n'est  autre  chose  que  la  galerie  qui  au-delà  du  Iraiisepis  fait  suite  aux  collalcraux  et 
qui  sc  développant  autour  du  sanctuaire  sc  termine  à sa  partie  la  plus  orientale  par 
la  chapelle  absidale  de  lu  Vierge. 

Généralement  inconnu  dans  les  provinces  du  sud  et  de  l’est,  il  se  montre  dans 
presque  toutes  les  églises  du  nord  et  de  l’ouest,  présentant  autour  de  son  périmèlr.- 
extérieur  une  série  de  chapelles  qui,  obscures  dans  les  édifices  du  xi‘  et  du  xn‘  siècle, 
reçurent  des  baies  dès  le  xm"  et  devinrent  ainsi  le  modèle  de  celles  qu’on  clahlil  le 
long  des  collatéraux  au  siv"  siècle,  comme  nous  l’avons  déjà  dit. 

Le  Déambulatoire  de  Notre-Dame , double  comme  ses  nefs  latérales , percé  au  nord 
de  la  Porte  uoüge  et  au  sud  de  celle  do  la  sacristie,  offre  dans  son  urdonnaucc  et 
son  ornemcntaliou  le  système  suivi  depuis  dans  lexiii-  siècle,  abstraction  faite 
des  modifications  particulières  au  lieux,  quoiqu'il  ait  été  construit  à la  fin  du 
XII*  siècle. 

Quant  à son  côté  interne,  il  était  Jimité  jadis  par  des  travées  ogivales  à arc  sur- 


1:^ 


NOTRE-DAME  DE  PARIS. 


liaiissc  cl  disposées  Je  mauitrc  à laisser  voir  les  céi'émonies  rie  l'anU'l  ; mais  aujour- 
d’Imi,  cncoQibré  par  les  marbres , les  grilles  et  le  plâtras  dont  on  prclendil  un  jour 
embellir  le  sanctuaire,  il  noffre  plus  qu'un  affreux  disparate  avec  le  reste  du  mo- 
nument. 

C’est  sur  les  massifs  qui  suivent  les  portes  du  chœur  des  deux  côtés  que  se  déve- 
loppent les  célèbres  bas-reliefs  cxcoulés  et  terminés  en  1361  par  Jean  Ravy,  et 


Jean  Bootuelieh,  son  neveu;  bas-roliclj  où  sont  représentés  les  scènes  de  la  vie  do 
N.  S.,  auxquelles  font  pendant  les  scènes  de  l’Ancien  Testament,  sculptées  à 
l’intérieur  du  sanctuaire,  et  que  l'ou  a cachées,  sinon  mutilées,  pour  placer  les 
boiseries  que  Ton  j voit. 

Ces  bas-reliefs  étant  représentés  dans  notre  ouvrage  (Voirpl.  f>3  à 69.)  Nous 
nous  dispenserons  de  les  décrire. 


STATUAIRE. 


COUP'D’OEIL  CRITIQUE. 


L'Egypte,  où  les  arts  ont  probablement  pris  naissance,  ne  chercha  dans  la  statuaire 
que  la  plus  noble  partie  de  la  décoration  monumentale.  Aussi  devant  les  temples  ou 
dans  leur  intérieur,  calmes,  sereines,  majestueuses  cl  sévères  comme  le  temple  lui- 
même,  ses  statues,  fidèles  à leur  nature  granitique,  n'empruntaient  au  Ijpe  humain 
que  son  galbe,  méprisant  du  reste  les  diverses  expressions  de  sa  physionomie. 

Car  les  dieux  ou  les  héros  qu'elles  représentent,  doivent  jouir  do  l'impassibililé 
que  donne  à ces  êtres  la  conscience  de  l'iminnlabilé  de  leur  bonheur  cl  de  Icor 
gloire. 

Cependant,  quoique  arrêté  dans  son  essor  par  des  lois  hiératiques  et  soumis  par 
elles  à des  types  consacrés  et  inviol.ibles,  l’art  égyptien  dans  son  uniformité  appa- 
rente, offre  à l’œil  exercé  une  marche  sensible  dans  scs  progrès  et  sa  décadence,  et 
CO  n'est  pas  sans  cLonncnicnt  que  l'on  constate  que,  dans  les  plus  beaux  temps  de 
la  civilisation  de  ce  peuple,  ses  statuaires,  réduits  à no  copier  de  la  figure  humaine 
que  ses  graudes  lignes,  les  ont  rendues  avec  une  énergie  et  une  grandeur  qui  com- 
mandeut  l’admiration  dans  leurs  colosses,  et  que  depuis  elles  n'ont  plus  présenté  chez 
aucun  peuple. 

De  l'Egypte  passant  dans  la  Grèce,  la  slaluairo  reçut  un  caractère  sans  doute 
plus  parfait  et  plus  vrai  ; mais  aussi,  à cause  de  cela  même,  ou  peut  la  regarder 
comme  déchue  jusqu'à  un  certain  point,  de  cette  grandeur  monumcDtale  qui 
anéanlit  l’homme  devant  les  puissantes  figures  de  Memphis,  de  Thèhes, 
d’Ipsambuul,  etc. 

Ici,  dans  la  Grèce,  plus  libres  dans  leurs  procédés,  et  du  reste  doués  comme  race 
d'un  génie  et  d’un  goût  qui  les  ont  placés  h lu  ICtc  de  tous  les  genres  de  talents,  vi- 
vaul  dans  un  climat  des  plus  favorables  au  développement  intcllcclncl,  à l’époque  de 
la  première  civilisation  curopéenoc  et  jeunes  d'imagination,  les  sculplcors,  comme 
tous  les  autres  artistes  de  ce  pays  célèbre,  essayèrent  par  l’clude  de  la  nature,  et  quelle 
nature!  d’atteindre  la  perfection  à laquelle  iis  étaient  nés;  et  partant  comme  prin- 
cipe d'un  idéal  instinctif,  ils  n’étudièrent  le  modèle  vivant  que  pour  interpréter  par 
des  moyen  vrais  ce  type  divin  qu'ils  voyaient  en  eux. 

Dès  lors  on  conçoit  comment  1’ Apollon,  le  Ji'piteb,  la  Pali.as  et  la  VÉsrs  peuvent 
présenter,  avec  une  expression  divine,  le  modelé  le  plus  parfait,  les  proportions  les 
plus  harmouiqiics,  les  poses  les  plus  heureuses,  la  grâce  la  plus  séduisante,  et  ce  qui 
est  le  point  essentiel  pour  donner  la  vie  aux  œuvres  : le  faire  souple,  large  et  ferme 
de  la  nature. 

Ils  n'eurent  pas  besoin,  comme  on  l'a  dit  faussement,  de  prendre  la  jambe  d'As- 
pasio  et  le  bras  de  Campaspe;  le  torse  de  cclle-d  cl  la  tête  de  celle-là.  Non  ; cos 
parties  hctérogëocs  n'eussent  abouti  qu'à  des  monstruosités.  Mais  en  choisissant 
parmi  les  modèles  bumaius,  et  la  Grèce  peuplée  d’athlètes  ne  dut  jamais  en  man- 
quer. celui  qui  s’approchait  le  plus  do  leur  idéal,  ils  n’eurent  d’autre  soin  dans  leur 
composition  que  de  l'amener  à représenter  le  type  immortel  et  multiple  auquel  ils 
furent  toujours  fidèles. 


Où  auraient-ils  Ironvé  les  Baccui’s  et  les  Faunes;  I'Hercule  cl  le  Merccrb;  la 
CïRÈsvalicaneetla  Miîlpomène;  les  NrouiDBS  et  les  Muses'»  Si  ce  n’est  dans  le 
monde  où  Homère  avait  pris  son  Achille  et  son  Nestor  ; son  Ulysse  et  son  Paris  ; 
son  Hélène  et  son  Andromaque;  sa  Circé  et  sa  Nausicaa;  dans  le  monde  d’où 
Sophocle  avait  tiré  son  OEdii’E  et  son  Antioohe  ; toutes  créations  immortelles,  parce 
qu'elles  sont  douées  de  la  double  vie  de  la  Natnre  et  de  l’Idéal. 

Enfin,  si  la  fidélité  à la  forme  humaine  ne  permit  plus  aux  Grecs  de  donner  à leurs 
slalucs  cette  énergie  et  celte  gravité  monumentales  des  colosses  égyptiens;  ils  do- 
tèrent leurs  productions  de  deux  autres  qualités  plus  humaines  : la  simplicité  et  la 
NOBLESSE,  mais  qui,  unies  comme  il  leur  a été  donné  à eux  seuls  de  le  faire,  éléveot 
leurs  figures  à un  si  h, 1111  degré  de  perfection,  qu’elles  feront  à jamais  le  désespoir 
de  quiconque  tentera  de  les  imiter. 

L’art  grec,  après  sa  chute,  n’ayant  produit  chez  les  pa'iens  de  Rome  que  des  types 
ronds,  pesants  et  trapns,  et  chez  les  chretiens  de  Byzance  que  des  figures  sans  monve- 
ment  et  d'une  longueur  exagérée,  les  artistes  du  moyen-âge,  influencés  par  ces  deux 
types , s’y  conformèrent  pendant  la  période  obscure  de  celte  époque , toutefois  en 
exagérant  leurs  défauts  jusqu’à  l'épaisseur  la  plus  matérielle  et  la  maigreur  la  plus 
sèche. 

Lorsque  enfin  , après  la  révolution  apportée  dans  l'architectonique  au  xiu'  siècle, 
la  statuaire  à son  lonr  s' ennoblit , ou  plutôt  se  dépouilla  jusqu’à  un  certain  point  de 
la  rouille  barbare  des  siècles  précédents, 

La  figure  acquit  plus  de  souplesse  ; ses  proportions  devinrent  plus  naturelles  , et 
les  draperies  furent  .agencées  avec  plus  de  goût. 

Mais  il  y eut  celte  différence  entre  l’archileclure  et  la  statuaire  que,  la  première, 
plus  limitée  dans  ses  destins  par  Tidce  religieuse  même  sous  l’inspiration  de  laquelle 
elle  grandissait  à vue  d’œil,  put  atteindre  sa  perfection  comme  étant  l'expression  di- 
recte et  spéciale  de  cette  pensée , alors  dans  toute  sa  virtualité  ; tandis  que  l’autre, 
plus  générale,  parce  qu’elle  est  la  représentation  dcl’étre  humain,  le  mémo  partout  et 
dans  tous  les  temps,  ne  put  s’élever  au  degré  où  l'avaient  placée  les  Grecs  et  où  purent 
presque  la  porter  les  artistes  de  la  Renaissance  ; attendu  que  la  rcprésenlaliün  de 
l'ôlre  humain  ne  saurait  être  parfaite  que  là  où  la  société  civilisée,  polie  et  perfec- 
tionnée offre  des  artistes  et  des  modèles  qui  possèdent  ces  qualités,  qualités  qui 
étaient  loin  d’être  l’apanage  des  occidentaux  avant  le  xvi'  siècle.  De  môme  dans 
les  siècles  de  décadence,  la  force  morale  ayant  abandonné  la  société,  les  artistes 
affectés  de  cette  faiblesse  ne  prodeisent  plus  que  des  œuvres  où  la  noblesse  est  rrni- 
plaeée  par  l’enflure,  la  grâce  par  l'affélerie,  et  la  simplicité  par  la  trivialité. 

Cependant  il  est  bon  de  dire  que  les  artistes  du  règne  do  Saint-Lonis  partant  de 
l’idéal  pur,  et  sans  tenir  compte  de  la  forme,  dont  Une  leur  était  pas  permis  de  sen- 
tir la  nécessité,  qu'ils  méprisaient  môme , purent  donner  à leurs  figures  des  expres- 
sions do  physionomie  où  est  empreinte  d’une  manière  frappante  la  trace  de  la  foi  cl 
de  la  fervenr  religieuses  qui  débordaient  alors. 


NOTRE- IIAME  DE  l’AhJS. 


RECHEUCÏ[ES 


SUR  L’AGE  DU  MONUMENT. 


Mjiiitenant,  venons  ù l’opprcciaCion  de  l'Age  de  noire  calhédrale,  et  sans  recourir 
encore  ans  dales  liisloriques,  lâchons  de  résoudre  ce  problème  par  la  seule  inspec- 
lioQ  archcoiogique ; après  quoi,  portant  en  regard  les  chiffres  authentiques,  nous 
verrons  si  les  données  de  la  science  que  nous  professons,  sont  ou  non  sujettes  à 
erreur. 

Je  eousidère  donc  l’extérieur  et  rinlcricur  de  rcdificc,  et.  après  esamco,  j’avance, 
en  général,  qu  aucune  de  ses  parties,  hors  du  sol,  ne  peuvent  remonter  au-delà  de 
la  fin  du  xn'  siècle,  ni  en  deçà  de  la  première  moitié  du  xiv'. 

Et  je  reconnais  l’empreinte  de  ces  diverses  époques,  celle  du  xir  siècle  comme 
souvenir:  dans  l'emploi  de  la  colonne  et  le  tableau  byzantin  de  la  porte  Saint-Marcel. 
Le  XIII'  siècle  : dans  l'acuité  de  l'ogive,  l'élévation  do  la  voûte,  la  moulure  triangu- 
laire qui  encadre  la  porte  de  la  Vierge,  l'emploi  do  la  flore  indigeoo  comme  orne- 
ment, le  symbolisme  trinitaire  des  ouvertures  du  (rirorlum,  l'élroitesso  des  baies 
du  clerestory  et  leur  ociilas;  enfin,  dans  la  majesté  et  la  puissance  des  grandes 
lignes.  Le  xiv’:  dans  la  largeur  des  baies  des  chapelles  et  dans  le  luxe  de  l’orne- 
menUlion  rayonnante  qui  les  décorent,  ainsi  que  les  rosaces.  A quoi  j'ajouterai  que 
si  j’ai  fait  observer  que  la  colonne  no  figurait  ici  que  comme  souvenir  de  l'époque 
romane,  l’emploi  des  trilobés  allongés  que  j'ai  aperçus  dans  la  rose  occluse  qui 
domine  à l’intérieur  le  portail  du  nord,  est,  à mon  sens,  le  prélude  involontaire  et 
instinctif  de  la  forme  génératrice  et  caractéristique  qui  domina  plus  tard  dans  le 
style  flamboyant  du  xy'  siècle. 

Telle  est  la  marche  de  l'art  comme  celle  de  la  nature,  qui  ne  procèdent,  dans  leurs 
révolutions,  que  par  des  dégradations  insensibles,  an  poiul  que  tout,  dans  l'univers 
et  dans  l'art,  n'csl  plus  qu'un  ensemble  immense,  une  chaîne  indéfinie  dont  le  pre- 
mier chaînon  est  au  commencement  du  monde  ci  des  sociétés  et  dont  le  dernier  sera 
Dieu  seul  sait  où. 

Je  sens  que  cette  manière  do  voir  va  irriter  les  fanatiques  de  l’ogive,  que  les 
plus  recommandables  d'entre  eux  me  déclareront  ce  que  l'on  professe  d’après  leurs 
écrits,  savoir  ; que  l’ogive  n'a  point  eu  de  précédents,  et  que,  de  son  apparition  à sa 
chute,  son  règne  original  et  spontané  a laissé  l'art  des  constructions  tel  qu'il  aurait 
pu  SC  développer  si  elle  n’avait  pas  paru;  en  un  mol,  que  c'est  une  lacune  de  l'art 
antique  que  l'on  peut  rapprocher,  et  en  dehors  duquel  elle  reste  indépendante  et 
étrangère. 

Mais  nous  ne  nous  laisserons  point  ébranler.  Et,  au  contraire,  repassant  dans  notre 
mémoire  la  marche  historique  de  l'art  ogival,  si  nous  prouvons  qu’il  va  inscnsihlc- 
ment  aux  règles  de  Vilruvc  en  passant,  par  exemple,  du  chœur  de  Beauvais  à l'hètcl 
de  Gluni,  de  cet  bétel  au  château  du  Gaillon  construit  par  le  mémo  seigneur,  et  de  ce 
cbàlcau  à celui  d'Aucl;  il  nous  sera  facile  de  suivre  sa  phase  inverse,  de  Notre- 
Dame  au  transepts  de  SainC-Gcrmain-dcs-Prés;  de  ce  Iranscpla  au  sanctuaire  de 
la  même  église;  de  ce  sanctuaire  à la  nef;  de  cette  abbaye  à celle  d'Ainay,  à Lyon; 
de  là  à Saint-Clément,  à Rome  ; au  Théolocos,  à Couslaniinoplc,  et  enfin,  à Sainte- 
Sophie,  où  d'un  pas  nous  arrivons  à la  même  source,  aux  mômes  règles,  au  môme 
maître. 

C’est-à-dire  que,  comme  nous  l'avions  presscnli , tout  se  tient,  tout  s’en- 
chaîne, cl  comme  dans  l'bistoire  nalnrcllc,  ponr  classer  un  individu,  non-seulement 
il  faut  rechercher  en  quoi  il  diffère  des  autres  pour  lui  donner  un  nom  particulier, 
mais  encore  en  quoi  il  leur  ressemble  pour  le  placer  dans  le  rang  naturel  qu'il  doit 
occuper  dans  l'ordre  imposant  où  l'unité  et  la  variété  des  êtres  élève  à la  connaissance 
d’une  cause  intelligente  digne  de  nos  hommages. 

Mais  revenons  à Notre-Dame. 

Nous  avons  dit  que,  hors  le  style  du  xui'  et  xiv'  siècles  qui  y régnent  sans  s'y 
nuire,  reconnaissons-lc,  car  ces  deux  styles  n'ont  qu'un  môme  principe;  le  xii° 
s’y  montre  cependant  comme  souvenir,  et  le  xv“  comme  précouceplion , mais 
trop  vague  pour  qu'on  en  tienne  compte. 

Voyons,  à cette  heure,  si  les  dates  s'accordent  avec  notre  jugement. 

On  croit  que  les  premiers  fondements  du  vaisseau  que  l'on  voit  aujourd'hui,  furent 
poses  en  1010,  sous  le  règne  de  Robert,  fils  de  Hugues-Capel.  Mais,  soit  à cause  dos 
Croisades,  de  l'affranchissement  des  communes,  de  la  guerre  contre  les  Anglais,  etc., 
ilsétaicnt  à peine  hors  dn  sol,  en  1165,  Maurice  de  Sully,  étant  évôquc  deParis. 
Ce  prélat,  animé  de  l'esprit  religieux  de  son  siècle,  mais  do  plus  doué  d une  àme 
généreuse,  fit  agrandir  le  plan,  jeter  à bas  l’église  de  Sainte-Marie  et  du  Saiul- 
ËticDDu,  et  pressa  les  travaux  de  sn  calhédrale,  dont  la  première  pierre  extérieure 
fut  bénie  par  le  pape  Alexandre  III,  alors  réfugié  en  France.  En  1181,  sous 
Philippe-Auguste,  le  mailrc-aulcl  aynul  été  placé  pendant  que  l'on  construi.sail  le 


reste  de  l'édifice,  ce  digne  prélat  mourut  quelque  temps  après,  IdissanC  le  soin  de  le 
conlinucrà  son  successeur  Ûdon  de  Sully,  qui,  àson  tour,  les  poussa  jusqu'en  1208, 
époque  de  sa  mort. 

Ainsi,  les  premières  constructions  : le  rcz-dc-ehaiissée,  cl  le  sanctuaire  surtout, 
ayant  été  élevés  de  1165  à 1196,  sous  l'œil  de  Maurice,  il  n'est  plus  étonnant  que 
nous  trouvions,  au  lieu  du  pilier  du  xiii'  siècle  proprement  dit,  la  colonne  du  xii”. 
alliée,  comme  à Sainl-Gcrmain-des-Prés,  à l’arc  ogival  qni  venait  de  paraître 
dans  le  sauctuairede  celte  abbaye,  tcrmincc  clIe-mCmc  en  1162;  ce  qu'il  est  impor- 
tant de  ne  pas  oublier. 

Mais,  dira-l-on  en  vain,  par  ces  considérations  vous  renversez  les  bases  do  la 
science  arcbcologiquc,  cl  vous  vons  mettez  seul  contre  tant  et  de  si  illustres  savants, 
qui  ont  reconnu  que  l'art  ogival  n'a  pu  paraître  avant  le  xiir  siècle,  que  comme 
soupçon  et  avec  limidité,  A quoi  je  répondrai,  que  la  nature  et  l'art  n'ont  point 
créé  des  classes  dans  la  rigueur  des  mots,  mais  des  individus  ; cl  que,  passant  de  l'un 
à l'autre  en  donnant  à chacun  son  fades  et  son  caractère  pariieuliers,  comme  on  le 
remarque  dans  le  genre  humain,  ces  passages  sont  si  dèliealemenl  nuancés,  qu'il 
sera  impossible  à l liomrae  do  les  jamais  exprimer  tous  au  moyen  de  sa  langue,  cl 
encore  moins  de  les  parquer  dans  des  limites  exactes. 

Que,  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  je  reconnais  la  sagacité  des  savants  qui  ont 
indiqué  ces  classes  archéologiques,  mais,  seulomenlà  la  condition  qu’on  reconnaîtra 
aussi  que  ces  classifications  ne  sont  pas  rigoureuses  et  qu'elles  peuvent  se  prêter  aux 
transitions.  Je  m’appuie,  pour  sou  tenir  ma  manière  de  voir,  sur  des  failsavcrés.  D’abord 
l’apparilbn  de  l’ogive  du  xiii'  siècle  à Saint-Gei'main-dcs-Près  et  quarante  ans 
avant  1200.  Secondement,  le  synchronisme  de  style  dans  les  differentes  provinces 
de  la  France  elle-raèmc.  Personne,  je  ne  sache,  n’ignorc  que  dans  l’appréciation 
dos  monuments  du  sud  et  de  l’est,  on  doit  tenir  compte  de  vingt  à trente  ans  en 
arrière  do  l'époque  où  le  style  que  l'on  juge  a paru  au  nord  de  la  Loire. 

Ce  qui  amène  à répéter  que  l'art  ogival  est  un,  que  scs  variétés  peuvent  se  rencontrer 
dans  un  môme  monument  sans  se  nuire,  et  que  le  monde  chrétien  est  encore  à clier- 
clicr  l'exception  à ces  mélanges;  les  deux  plus  beaux  types  du  xm‘,  la  Sainte- 
lliapelle  cl  No(rc-Damc  de  Reims,  étant  affectées,  la  première,  du  plein  cintre,  de  la 
colonne  du  xii'  et  d'une  rosace  à flammes;  la  seconde,  dans  sou  portail  du 
xiV  siècle,  d'un  xv°  complaisant,  mais  xv'. 

Cela  dil,  poursuivons  l’bisloriquc  de  notre  métropole. 

Pierre  de  Nemours,  dit  le  Chambellan,  ayant  succédé  à Odon,  fit  continuer  les 
travaux  jusqu'en  1220,  année  de  sa  mort,  laissant  le  soin  de  les  achèvera  scs  succes- 
seurs. Depuis,  rédificc  s'avança  vers  son  achèvement  qui  dut  arriver  dans  le  premier 
tiers  du  xiv“  siècle,  car  si  d'iin  côté  nous  ü'ouvons,  sur  le  portait  méridional,  la  date 
1257 , avec  cotte  inscription  ; anno  Dornini  mcclvii.  viense  februario,  Idns  ij, 
hoc  fuit  ùicaiptum  Christi  Genitrich  honore,  Kallensi  Lalhomo  vivenlc  Johanne 
Mngistro,  l'année  du  Seigneur  1257  et  le  douze  du  mois  de  février,  ce  portail  fut 
commencé  en  l'honneur  de  la  more  du  Christ,  du  vivant  de  maître  Jean  de  Chelles, 
architecte;  de  l’autre  eûte,  nous  savons  par  les  actes  de  fondation  de  plnsicurs 
chapelles  et enlr' autres  de  celles  de  Saint-Fébéol  cl  Ferrotion,  quelles  ne  remon- 
tent qu'à  l'année  1324,  à la  suite  du  portail  nord,  élevé  en  1313  sous  Pliilippc- 
le-Bcl. 

D'où  il  suit  que  le  sanctuaire  fut  construit  dans  le  style  du  xiii°  siècle  en  1180  - 
le  portail  méridional  dans  le  beau  style  du  prétendu  xiv’  siècle,  daus  la  deuxième 
moitié  du  xiii',  et  que  si  les  chapelles,  ce  que  tout  le  monde  connaît,  ne  furent 
fondées  qu'après  1300,  ainsi  que  l'autre  portail  du  transepts,  clics  le  furent  dans  les 
mômes  données,  ce  qui  amène  à celle  bizarre  formule  : 

Les  styles  qne  l’on  appelle,  par  abus,  xiii",  xiv‘  et  xv"  siècles,  ayant  commencé, 
dans  les  monuments  de  Paris,  à paraître  dans  la  deuxième  moitié  du  siècle  qui  les 
précède,  et  dans  les  provinces  du  sud  et  de  l’est , n'ayant  été  adoptés  que  dans  la 
première  moitié  du  siècle  qui  les  suit , chacun  do  ces  styles  a eu  un  règne  de  200  ans 
en  France. 

Avis  aux  Classificateurs! 

GOTHIQUE.  OGIVAL, 

Le  mot  gothique,  appliqué,  de  temps  immémorial,  aux  monuments  du  moyen- 
âge  d’une  manière  impropre  par  le  vulgaire  et  comme  terme  de  mépris  par  les  archi- 
tectes depuis  le  xyi'  siècle,  est  un  terme  qui,  aujourd’hui,  doit  enfin  disparaître 
en  tant  que  qualification  de  l'art  chrétien. 


14 


NOTRE-DAMK  DE  PARIS. 


Car  s’il  n'est  plus  permis  do  mépriser  h celle  heure  ce  que  nous  devons  aux  pieux 
archilecles  de  i’cpoqae  ogivale,  regardé  comme  l'expression  fidèle  des  seutimenls 
religieux  qui  les  animaient  comme  le  reste  des  chréliens  ; après  quelques  mois,  je 
peuse  que  le  lerme  disparallra  aussi  comme  non-sens,  point  de  vue  sous  lequel  nous 
allons  l'atlaqucr. 

Posons-nous  d’abord  celte  simple  question  ; quelle  modificalion  ful-il  donné  aux 
!>arbares  d'apporlcr  dans  les  arts  qu'ils  trouvèrent  établis  et  cultivés  en  Italie  lors  de 
leur  iovasioo  7 

Une  seule  : leur  anéantissement. 

Il  est  vrai,  pour  parler  des  familles  gothiques  en  parliculier,  que  pendant  leur 
séjour  en  Italie,  quelques  églises,  comme  celle  de  Ravbnnb,  furent  élevées  sous  le 
régne  de  leur  Théodoric. 

Mais  par  qui? 

Par  les  artistes  italiens  travaillant  sous  l inspiration  bizantino. 

El  si  ce  roi,  conseillé  par  son  ministre  l'illustre  Cassiodore,  lança  un  decret  por- 
tant que  ses  intentions  étaient  qu’on  respectât  les  monuments  anciens,  cl  qu'on 
s'appliquât,  dans  la  construction  des  nouveaux,  à suivre  les  procédés  en  honneur 
dans  le  pays  conquis;  celte  ordonnance,  bien  loin  de  constater  et  de  prescrire  en 
principe  une  architecture  nationale,  vivante  parmi  les  Goths,  et  nécessaire  à leurs 
habitudes,  prouve,  au  contraire  clairement,  que  dans  la  contrée  où  il  aurait  désiré 
se  maintenir  après  en  avoir  chassé  Odoacrë,  rarcliitcclure  de  ses  nouveaux  sujets 
était  DU  art  qui  le  charmait;  en  môme  temps  que  pour  prévenir  la  fureur  destructive 
de  ses  barbares  compagnons,  il  ordonnait  de  le  respecier  en  le  louant  et  l’encoura- 
geant lui-méme. 


Enfin,  chassés  de  l’Italie  par  Narsès,  et  plus  tard  de  la  Gaule,  par  Clovis;  tandis 
que  pendant  leur  séjour  dans  ces  contrées,  l’art  des  constructions  religieuses  avait 
continué  de  suivre  les  données  romanes;  les  Goths  D'onrenl  pas  plus  le  droit  de 
donner  leur  nom  â l’architectonique  chrétienne  des  premiers  siècles,  que  les  Tatars 
(le  donner  le  leur  dans  la  Chine,  aux  arts  et  à l’industrie  qui  suivirent  leurs 
cours  après  leur  conquête,  et  qu'ils  eurent  la  sagesse  de  respecter,  do  favoriser  et 
d'adopter. 

Or,  si  le  mot  de  gothique  ne  peut  aucunement  s'appliquer,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  aux  monuments  élevés  en  Italie  et  en  France  pendant  le  séjour  éphémère 
des  Ottrogoths  et  des  "Visigoths  dans  ces  pays,  comment  pourrait-il  convenir 
aux  monuments  de  l’ère  ogivale  qui  ne  commença  que  plus  de  six  siècles  après  la 
dispersion  de  ces  peuples?. . . 

Au  lieu  donc  de  ce  mol  qui  nepeut  s’appliquer  à rien  dans  l’architecture  religieuse, 
nous  appellerons  : 

Eglises  BYZAMTNES,  Celles  qui,  construites  dans  les  principes  des  Grecs  de  Bysancc, 
offrent,  comme  caractère  distinctif,  une  coupole  au-dessus  du  chœur. 

Églises  ROM.VNES  : celles  qui,  sans  la  coupole  générique  des  Byzantins,  sont  néan- 
moins bâties  d’après  le  système  à plein-cintre. 

Enfin,  églises  ogivales  : Les  églises  qui,  depuis  la  fin  du  xu’  siècle  jusque  vers  la 
fin  du  xv',  n’offrent,  dans  toutes  leurs  parties  que  l'arc  ogival  comme  courbe  gené- 
ralrice. 

A quoi  l’on  peut  ajouter,  si  l’on  vent,  un  genre  transitoire,  comme  celui  que  pré- 
sente l’Abbaye  S-UNi-GERMAiN-nES-PRÉs  où  se  montrent  et  la  fin  du  système  â 
picin-cinlre  et  le  commencement  du  système  ogival. 


Errata.  Page  6,  ligne  61  de  la  première  colonne,  au  lieu  de  : forces,  lisez  t force. 

Page  8,  avant-dernière  ligue  de  la  première  colonne,  au  lieu  de  : épopées,  lisez  : époques. 


Di¥iei©H  MS  ©ai  aaasîaaai, 


FAÇADE  OCCIDENTALE  OU  PORTAIL  PRINCIPAL. 

l”CléTBtian  de  la  Façade  priQcipale  (éiai  actuel). 

2"  EléTatioil  de  la  Façade  principale  (ceslaorallon). 

3*  Détail.*  de  la  Façade  principale. 

A*  Détails  de  la  Galerie  des  Rois  et  de  celle  de  la  Vierge. 

5*  Détail*  de  la  Galerie  des  Colonnes . 

6'  Details  de  la  Galerie  des  Colonnes  (cOté  des  réservoirs). 

7*  Détail*  des  Galeries  des  Rois,  de  U Vierge  ei  des  Colonnes. 

8*  Détails  d’une  des  Tours. 

9'  Intérlenr  de  la  Tour  du  Sud. 

PORTE  DE  LA  VIERGE, 

le*  Vantaiu  de  ia  Porte  de  la  Vierge. 

Il*  Zodiaque. 

12*  Détail*  de  la  Porte  de  la  Vierge. 

13*  Détail*  de  la  Porte  de  la  Vierge  (cOié  gauche), 

14'  Pilastre*  et  Ornemeats  de  la  Porte  de  la  Vierge  (c6lé  gauche). 
15*  Détail*  de  la  Porte  de  la  Vierge  (cOté  droit). 

16'  Pilastres  et  Ornements  (côté  droii). 

PORTE  SAINT-MARCEL  (DITE  SAINTE-ANNE). 

17*  Vautanx  de  la  Porte  Salnie-Anne. 

18*  Détails  de  la  Porte  Sainte-Anne. 

FAÇADE  SEPTENTRIONALE  ET  PORTAIL  NORD. 

10*  et  20*  Flévatlon  latérale  du  Nord. 

21*  Porte  Rouge. 

22'  Elévation  et  Coupe  du  Portail  Nord. 

23*  Clété  et  Détails  du  Porlail  Nord. 

24*  Détails  du  Porlail  Nord. 

25*  Pignon  du  Portail  Nord. 

26*  Elévation  intérieure  du  Portail  Nord- 
27*  Rosace  du  Portail  Nord. 

28*  et  29’  Détails  de  la  Rosace. 

30*  Détail*  de  la  Rosace. 

31’  Détails  de  la  Rosace. 

32*  Détail*  de  la  llo.saee. 

FAÇADE  MÉRIDIONALE  ET  PORTAIL  SUD. 

33*  Elévation  et  Coupe  du  Portail  Sud. 

34*  Détail*  du  Portail  Sud. 

35’  Détail*  et  Pignon  du  Porlail  Sud. 

36*  Elrvation  du  Porlail  Sud. 


FAÇADE  OCCIDENTALE. 

37*  et  38*  Abside. 

39*  (iraud  (lontrefort. 

40*  Petits  Contrefort*  et  Petit*  Arcs-boiitants. 
4i*  Cornlcbc*  et  Balnstrade*  des  Terrasses. 

42*  Détails  des  Croisées. 

43*  Intérieur  et  extérieur  de  l'Abside. 

44*  C'oiipc  de  l'Abside. 

45*  Plan  et  Coupe  d'une  des  Chapelles  de  l'Abside. 

46*  et  47*  Détails  d’une  Croisée, 

INTÉRIEUR. 

48*  et  49*  Plan  général. 

50*  et  51'  Plan  général  pris  4 la  première  galerie, 

52*  et  53*  Plan  général  pris  aux  Combles, 

54*  Coupe  sur  la  Toua  du  Sun  ni  sur  la  Nef. 

5S*  Tour  du  Sud.  Escalier  et  détail  de  la  Chapelle. 

56’  et  57*  Coupe  générale  sur  ta  longueur. 

58*  Bases,  Plans  et  Châpilaux  de  la  Nef, 

59’  Pilaatre*  et  Chapiteaux  de  la  première  Galerie. 

60*  Coupe  sur  la  Croisée  (ou  Transepts). 

61'  Vitraux  des.Chapolles  (côté  Nord). 

62*  Charpente. 

DÉAMBULATOIRE  OU  BAS  COTÉ  DU  CHŒUR. 

63*  et  64*  Bas-Reliefs  du  Déambulatoire  (coté  Nord). 
65*  et  66*  Bas-Bclicf*  du  Déambulatoire  (r.Olé  Nord). 
6'*  Bas-Rclicfh  du  Déambulatoire. 

68’  rt  66*  Bas-Relief*  du  Déambulatoire  (c6ié  Sud). 
70*  Chapiteaux  et  Bases  du  Déambulatoire. 

71*  Détails  du  Déambulatoire  (cOié  Nord). 

72*  Détails  du  Déambulatoire  (côté  Sud). 

SACRISTIE  MODERNE. 

73*  Façade  méridionale. 

74*  Façade  occidentale. 

75’  B.alc  de  la  Chapelle  épiscopale. 

76*  Baie*  orientales. 

77*  Façade  de  lu  Cour. 

78*  Façade  orientale. 

79’  Salle  et  Galerie. 

80-  Plau. 


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Snfriiiierias  réunies, ftins 


Bisson  Preres  Pîiot. 


DETAIL  DE  LAPORTE  COTÉ  NORD 

Façade  principale 


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ENSEMBLE  DU  TYMPAN 

Façade  ppincipale.popte  côté  Nord. 


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TYMPAN  UE  LA  PORTE  SAINTE-ANNE 


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jiirvrm  sauiisiik  de  mitre  dame  de  r\ris  pw  »»f  ws»i;*  et  muret  eedti  arciiiteetes. 


Mll'Vf.lJ.t  SAI'RISm  lit  SIITIit  llAMt  lit  l'AKIS  l’Ail  « \l'.'  I.ASM  S lil  VIIILKI  llliri  AIlCimtlTtA 


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